Crète - 2014
Lundi 15 septembre
Arrivés à l'aéroport de La Canée, des
bouffées de garrigue chaude nous assaillent à la descente
de l'avion. Peu après, nous récupérons la voiture
de location chez Avis et nous nous dirigeons vers Souda, où
nous avons réservé à l'hôtel Oneiro Suites.
Après avoir dîné dehors, par une température
idéale, nous rentrons à l'hôtel.
Mardi 16 septembre
En route pour un périple autour de la Crète sur quatorze
jours.
27 degrés, soleil, un léger vent délicieux,
des petites routes buissonnières, des villages retirés...
Ce soir, nous dormirons à Rethymnon. Chaque étape
étant assez courte, nous musarderons en chemin, en faisant
des détours ici où là, nous arrêtant
partout, pour admirer un paysage, photographier une scène
de vie, une rue de village, un vieux caillou en ruines, un arbre,
une fleur... et bien sûr, à chaque fois que possible
sur des chemins à l'écart des nationales.
L'ancienne Aptera en ruines, perchée au-dessus de la route
du bord de mer comme une forteresse en sentinelle, se cache au milieu
des oliviers et des buissons grillés par le soleil.
A Kalyves, nous quittons le littoral pour grimper dans les terres...
Neo Chorio... Vrises... Nous déjeunons à la terrasse
d'une taverne, au bord de la rivière, à l'ombre de
grands platanes.
Lac de Kournas... Argiroupoli, en bas les sources jaillissent de
partout et forment un petit coin de verdure ombragé, en haut
le village avec son porche donnant sur une ruelle dallée
en pente douce... Calme et silence...
Pour les derniers kilomètres, nous retrouvons la côte
découpée et ses eaux entre turquoise et émeraude.
A Rethymnon (un peu trop touristique) il faut fuir les devantures
couvertes de souvenirs en cuir ou bois d'olivier, de bijoux... pour
trouver un peu d'authenticité, femmes en noir assises sur
le pas de leur porte, fenêtres ouvertes sur des intérieurs
sombres, ruelles pavées bordées de vieilles maisons.
Après une balade dans la ville, nous dînons dans un
grand jardin au coeur de la cité, et passons la nuit au Summer
Dream, dans un petit studio avec loggia, très agréable.

Mercredi 17 septembre
Nous voilà en chemin pour Heraklion avec plein d'arrêts
prévus tout au long de la journée.
Monastère d'Arcadie, un mélange d'art renaissance
italienne et d'art byzantin... Le monastère occupe le centre
d'une cour carrée, bordée de bâtiments et de
déambulatoires ajourés de fenêtres. Le site
se dresse sur les hauteurs, dominant un paysage assez vert.
La route qui nous mène ensuite à Perama se déroule
en multiples lacets et découvre au loin des kilomètres
de côtes, dans un décor de caillasse, planté
d'oliviers et d'arbustes méditerranéens.
Nous traversons de petits villages tout blancs, éclairés
par des bougainvillées, ombragés par des palmiers
et autres essences du Sud. Des troncs d'arbres peints en blanc accentuent
les contrastes. Ici, un homme assis sur le pas de sa porte empiète
sur la chaussée, là, c'est une femme en noir, vigie
sur sa chaise adossée aux pierres chaudes, qui nous regarde
passer.
Anogia... C'est un petit bourg charmant. Au centre, une place ombragée
bordée de tavernes, chacune dotée d'un gril extérieur
aux braises rougeoyantes, la musique grecque et les tables colorées
complètent le décor. Devant chaque porte, une brodeuse
habillée en noir invite à admirer ses oeuvres, parfois
c'est une tisseuse sur un métier. Quelques hommes portent
le costume traditionnel, canne, habit et bandeau noirs.
Les murs tapissés de broderies donnent un petit air joyeux
à ce paisible village.
Après Anogia, nous gagnons Heraklion en traversant des montagnes
couvertes de cailloux et d'une végétation rase. Nous
longeons une gorge aride, sans la moindre goutte d'eau au fond.
Notre hôtel, à Amoudara, "La Santre Villa"
est une maison d'hôtes, accueil très sympathique et
petit studio avec balcon. Nous pourrons demain, comme ce matin,
préparer notre petit déjeuner nous-mêmes. Hier,
nous avons acheté café, cappuccino, confiture et croissants,
car les chambres disposent toutes, soit d'une bouilloire, soit d'une
plaque électrique.
Nous ressortons pour visiter le Palais royal de Knossos. Bon, on
va dire que c'est fait ! Une demi-heure en traînant beaucoup
! Il faut beaucoup d'imagination pour retrouver la splendeur du
palais à travers les quelques rares colonnes encore dressées
et les trois ou quatre fresques qui subsistent. Ne pas le visiter
n'aurait certes pas manqué à notre culture !
Ensuite, nous nous rendons à Heraklion. Après avoir
tourné en rond pour trouver un parking, nous voilà
dans la ville. Nous en avons vite assez. Quarante minutes dans deux
ou trois ruelles débordant de produits locaux, épices,
figues, dattes et de produits manufacturés pour touristes,
devant lesquels nous déambulons, indifférents.
Pléthore de restaurants collés les uns aux autres,
sans grande originalité. Nous repartons et allons dîner
à Amoudara, dans un restaurant de cuisine crétoise,
petits mezze offerts par la maison et une moussaka servie en pot
de terre, délicieuse et copieuse ! Pour finir, on nous offre
encore un dessert, petits gâteaux et fruits variés
!
Bonne pêche ce soir avec ce resto et nous nous félicitons
de n'avoir pas dîné à Heraklion. Et trois petits
bonbons avec la note... ça c'est de l'accueil !

Jeudi 18 septembre
Notre itinéraire d'aujourd'hui va nous emmener jusqu'à
Agios Nikolaos, où nous passerons deux nuits, afin d'explorer
le plateau du Lassithi.
Nous roulons d'abord sur la nationale que nous quittons à
Neapoli pour nous glisser par une route étroite, abrupte
et sinueuse à travers la montagne.
Villages nichés dans les creux, moutons sur les flancs arides,
oliviers à n'en plus finir au milieu des herbes sèches.
Kastelli, village traditionnel... Quelques photos de la rue étroite
bordée de maisons de pierres et de fleurs, où les
hommes assis sur leur chaise au ras des murs, discutent.
Fourni, la Crète des Crétois et des moutons... La
route grimpe dur au-dessus du village, découvrant la vallée
brûlée de soleil.
Après le trop touristique d'hier, nous retrouvons avec bonheur
les routes quasi-désertes et l'authenticité des villages
où nous faisons quelques pas, ici ou là, clochettes
des moutons à l'ombre d'un arbre, musique des oiseaux, senteurs
d'herbes sèches...
A quinze kilomètres des plages, nous sommes au bout du monde
dans cette montagne sauvage !
Vrouchas, route en corniche au-dessus de la baie d'Elunda avec l'île
Spinalonga... Décor spectaculaire !
Nous déjeunons à Plaka, dans une taverne locale, à
deux pas de la mer de Crète. Des rafales de vent arrachent
la crête des vaguelettes qui moutonnent sur une eau émeraude.
A midi encore, on nous offre une grappe de raisin avec l'addition.
Nous montons ensuite sur un bateau qui va nous emmener à
l'île Spinalonga, ancienne île aux lépreux, qui
est toute occupée par une grande citadelle transformée
en léproserie en 1903 et fermée en 1957. Il subsiste
les maisonnettes de pierre, partiellement détruites, les
murailles épaisses, une grande tour large. On en fait le
tour à pied avec la vue sur la mer tout autour, superbement
bleue.
Elunda, Ellinika, autant de panoramas sur la mer ! Juste après
Agios Nikolaos, c'est Amoudara et la villa "Poppy". Nous
nous installons pour deux jours dans un bungalow, une grande salle,
une grande chambre, une kitchenette et une vaste terrasse donnant
sur la mer. On n'en demandait pas tant !
Après une pause café, nous repartons pour un court
circuit vers Kritsa, village blanc accroché à flanc
de montagne, dont la rue principale est tapissée de broderies
du cru. La petite église de Panagia i Kera est fermée,
mais son architecture extérieure est très originale.
Depuis Lato, la vue s'étend impressionnante sur une vallée
d'oliviers, au milieu desquels la route s'insère en une saignée
étroite.
De retour à Agios Nikolaos, nous achetons quelques provisions
pour faire la dînette ce soir, sur notre terrasse face à
la mer.


Vendredi 19 septembre
Matinée tranquille sur la terrasse ombragée. Après
le déjeuner, nous partons pour un itinéraire sur le
plateau du Lassithi.
Agios Nikolaos, Neapoli, et à partir de là, une route
de montagne sinueuse s'élève doucement jusqu'à
plus de mille mètres entre les oliveraies. Chaque virage
nous offre une vue de plus en plus large sur cette mer d'oliviers
qui se pare d'argent quand le vent la caresse. C'est vraiment beau
! Lors d'un de nos nombreux arrêts, je photographie un bel
olivier noueux pour l'envoyer à Olivier ce soir, pour son
anniversaire.
Sur le bord de la route, des Crétois en noir vendent leur
production de miel, quelques pots sur un petit étal et parfois
de petits flacons d'huile d'olive. A 900 mètres, il ne fait
plus que 18 degrés, les oliviers ont cédé la
place aux cailloux, des versants entiers de cailloux.
Voici enfin le plateau du Lassithi. D'anciennes éoliennes
en voiles de toile, tournent ici ou là, au gré du
vent. Charmants vieux villages, Crétoises en costume sombre
et coiffées d'un foulard assorti, clarines de chèvres
et de moutons ! Nous tournons autour du plateau, encerclé
de montagnes arides, avant de ressortir par un col différent
de celui par lequel nous sommes entrés. Krasi, Mochos, villages
traditionnels, tavernes sous les arbres, vieilles gens assis au
long des murs...
Nous débouchons soudain sur un panorama magnifique : montagne
caillouteuse et en contrebas la mer avec ses nuances de bleu, au
rivage piqueté de maisons blanches. Nous sommes très
très haut par rapport à la côte, comme en avion.
En fin d'après-midi, nous flânons dans Agios Nikolaos,
au bord de la mer, dans les rues animées, autour du lac et
jusqu'au point de vue sur le plan d'eau et le quartier qui l'environne.
Joli spectacle avec les montagnes roses en arrière-plan,
sur lesquelles le soleil jette des derniers feux.

Samedi 20 septembre
Nous partons pour Palekastro. La première partie de l'itinéraire,
une route en corniche, bordant la baie de Mirebello, nous offre
des vues spectaculaires sur la mer, ses découpes, ses îles,
ses criques ourlées d'émeraude, ses éclats
de soleil scintillants. Il suffit de rouler doucement et d'admirer.
Un crochet d'une dizaine de kilomètres nous emmène
jusqu'à Moni Faneromenis et ça grimpe, ça grimpe
au-dessus de la baie de Mirebello, la vue s'élargissant à
chaque épingle à cheveux.
Dans un nid d'aigle perché sur un éperon rocheux et
battu par un vent violent, vivent deux moines. Loin des hordes de
visiteurs, ils ouvrent leur porte aux quelques uns qui se sont aventurés
jusque là. La chapelle taillée dans la montagne n'a
d'autre plafond que la roche elle-même.
En redescendant, nous nous régalons encore du panorama sur
la baie de Mirebello où se détache Agios Nikolaos
tout blanc et l'île Spinalonga.
Platanos : dernier coup d'oeil sur la baie Mirebello que nous suivons
depuis ce matin, plus loin c'est la baie de Sitia qui se découvre
depuis les hauteurs où nous roulons..
Sitia : Nous déjeunons au pied du petit port où se
balancent six voiliers, une vingtaine de vedettes et quelques chalutiers
sur une eau vert-bleu. Octopus et brochettes... et dessert offert
comme souvent.
Nous longeons la baie de Sitia en direction de l'extrémité
Est de la Crète. Au risque de me répéter, la
couleur de l'eau est époustouflante, entre la côte
et le large, elle passe du vert jade au bleu, dans une infinité
de nuances et par-dessus, le blanc des crêtes.
Moni Toplou, un très joli monastère... A l'intérieur
est exposée une belle collection d'icônes et un grand
tableau représentant une multitude de personnages et de scènes
religieuses.

La cour a du charme avec ses escaliers de bois,
ses plantes grasses géantes et ses murs de pierres chaudes.
Moni Toplou est occupé par neuf moines dont deux seulement
y vivent. La nature est sauvage par ici, montagnes arides et mer
à perte de vue et tout autour, car nous nous trouvons dans
une presqu'île.
Itanos, Erimoupoli, le bout du bout...
Vaï, superbe rivage de sable blond bordant une palmeraie composée
de palmiers dattiers sauvages, phénomène unique en
Europe. Mais ici, le tourisme a pris toute la place, parking payant
sur la plage, parasols, cabines de bains et douches payants...
Demi-tour, fuyons... Il y a tant d'aussi jolis endroits gratuits
et tranquilles. Nous nous installons à Palekastro, au Galini
Apartments, un ensemble de quatre bungalows avec terrasses, dans
un jardin fleuri. La vue donne sur les oliviers et sur la mer à
400 mètres. Le studio est doté d'une grande cuisine
très bien équipée et il est décoré
avec beaucoup de goût.
En rentrant du restaurant, nous trouvons dans la chambre, un plateau
avec pain, confiture, beurre, jus d'orange, lait, café, thé,
pour demain alors que le petit déjeuner n'est pas inclus
dans le séjour.
Encore une petite structure dont l'adresse est à retenir,
pour la qualité de l'accueil et l'envie de faire plaisir
aux visiteurs.

Dimanche 21 septembre
Nous voilà partis ! Nous roulons dans l'extrême Est,
à travers des étendues de montagnes caillouteuses
et d'oliveraies piquetées de temps à autre de la touche
blanche d'un hameau accroché à flanc de coteau.
Après Zachros, la mer apparaît, léchant le pied
des montagnes arasées.
Le côté sauvage et désert de la terre contrastant
avec la couleur de l'eau évoque pour nous les Kornati. Par
ici, il n'y a rien que la nature et une voiture de temps en temps.
Kato Zachros, quelques tavernes rassemblées sur la plage,
des palmiers et des pins...
Sur la route de Xerokampos, entre gorges et cailloux, des carrés
d'oliviers parfaitement alignés posent des taches de couleur.
Dans le village même, l'oliveraie vient mourir au bord de
la plage. Au-delà, la route s'élève de nouveau
en multiples lacets, dans une impressionnante caillasse, nous offrant
des panoramas superbes.
Ziros, Chandras... Après 75 km de route dans la montagne
déserte, nous retrouvons la nationale qui mène à
Lerapetra, la ville la plus méridionale d'Europe. Nous déjeunons
sur l'esplanade piétonne au ras de la mer. Nous essayons
un nouveau plat crétois, les "Gyros", viande cuite
sur une broche verticale, comme les kebabs mais uniquement à
base de porc. Nous essayons de goûter des plats différents
à chaque repas. Ces gyros, nous en avions mangé souvent
en Grèce en 1972, mais j'en avais oublié le nom.
Après une balade dans la vieille ville et dans le quartier
de la mosquée et de la fontaine ottomane, nous nous dirigeons
vers Myrtos.
Passé Lerapetra, les serres en plastique ont envahi le paysage
depuis qu'un certain Coopers, dans les années 60, a imaginé
ce procédé pour récolter des tomates et concombres
en hiver. Un vrai désastre environnemental !
A gauche, on ne voit plus la mer mais les serres, à droite
la montagne a disparu sous des hectares de plastique.
Après Myrtos, c'est mieux, on ne voit plus de serres, car
on est sur les hauteurs et planter ce genre de structures dans la
montagne s'avère impossible. Le paysage redevient vraiment
joli après Kato Viannos quand la route plonge vers Keratokambos,
en traversant de vieux villages aux rues étroites, conçus
pour se déplacer à dos d'âne et aujourd'hui
encombrées de voitures garées partout mais qui malgré
(ou à cause de) cela ont beaucoup de charme.
Nous arrivons à Tsoutsouros, à l'hôtel Venetia,
le moins bien de tous, enfin celui qui correspond le moins à
sa description... Le balcon sur la mer donne... derrière
l'hôtel, sur un endroit moche !!! Mais la mer est devant.
Le wifi partout, c'est uniquement sur la terrasse du resto !!!
L'équipement, bof...
Bon, pour une nuit, on va s'en arranger !
Par contre l'hôtel est bien au pied de la plage, alors nous
avons fui le balcon et nous nous sommes installés au bord
de l'eau pour lire. En fin de journée , la température
y est vraiment agréable.
Et ce soir le dîner sur la terrasse, face à la plage
est bien agréable aussi, avec le dessert (confiture de pastèque)
et le raki offert... Nous restons là pour bouquiner un peu.

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