roumanie -
2007
En
Caravane
du 24 août au 15 septembre
Suivi d'un séjour à
Budapest sur la route du retour
24 août 2007
Départ à 14 h 30 avec la caravane. Nous nous arrêtons
à 21 h 45 pour la nuit entre Reims et Verdun.
samedi 25
Départ à 9h15. Entrée en Allemagne à
14 h 45. Nuit à Regensburg à 23 h.
dimanche 26
Départ à 9 h. Entrée en Hongrie vers 16
h. Nuit 130 km avant Debrecen.
lundi 27
Départ à 9 h. Entrée en Roumanie à
Valea Lui Miha, à midi avec 2090 km au compteur. Le décalage
horaire est d'une heure.
Nous voici donc en Roumanie. Dès les
premiers kilomètres, le ton est donné. La route
est telle que nous nous y attendions : cabossée et bosselée.
Les voitures sont d'une autre époque, rien à voir
avec le look du parc automobile de l'Europe de l'ouest. Sur
la route, circulent des charrettes attelées d'un ou deux
chevaux. Dans les villages, entre la frontière et Satu
Mare, les gens proposent devant leur barrière des sacs
de pommes de terre, poivrons, pommes, pastèques. Le bord
de la route est ainsi très coloré.
De-ci de-là, au cœur d'un village, se dresse une
pompe à eau, comme il y en avait une, dans les années
50 à 70, dans la rue Fleury où j'habitais. Toutes
ces images nous renvoient à notre enfance, appelant les
souvenirs. Les maisons sont massives. Au dessus des fenêtres
se trouve un linteau posé sur deux fausses colonnes en
relief, situées de part et d'autre de l'ouverture. Au
fond de chaque cour, derrière la maison, est construit
un grand bâtiment en bois, poulailler, grange, hangar
tout à la fois.
Nous nous dirigeons vers les Maramures, en quête d'un
endroit où laisser la caravane pour sillonner la région,
en voiture solo, ce qui permet de passer partout. Pas facile
de trouver un coin dans la nature, la route est bordée
de fossés et nous n'osons pas nous installer comme ça
n'importe où, sans connaître. Je scrute les cours
un peu grandes, ou les champs près des maisons, pour
demander asile, mais en vain. Après avoir traversé
plusieurs villages en bord de nationale, nous décidons
d'entrer dans l'un d'eux pour chercher en arrière de
ce fameux fossé discontinu. Bien nous en prend ! Un minuscule
camping nous ouvre ses portes, quelques bungalows, un camping-car
et nous. Electricité et eau ! Au bord de la rivière
et dans l'herbe ! Nous nous installons tout contents; la carte
ne nous indiquant aucun camping dans la région, nous
nous estimons heureux d'en avoir trouvé un comme ça,
par hasard. Le village s'appelle Sapanta.
Mardi 28
Se lever avec le chant du ruisseau proche, jeter un œil
circulaire sur la montagne alentour, aller s'asseoir sur le
banc en bois rudimentaire posé à quelques mètres
de la caravane, rêvasser dans la douceur du temps, ni
trop chaud, ni trop froid… Entendre le pas des chevaux
qui passent sur la route… La journée commence bien.
Le cimetière joyeux de Sapanta abrite 800 monuments d'art
populaire. Il date de 1935, c'est l'œuvre du sculpteur
poète, Ion San Patras, œuvre poursuivie par Dumitru
Pop, son apprenti. Il est composé de croix en chêne
sculptées et peintes en bleu nuancé, le "bleu
de Sapanta", agrémenté de couleurs vives.
Les images représentent un moment essentiel de la vie
du défunt, ou la façon dont il est mort. Chaque
dessin est accompagné d'une épitaphe, souvent
amusante, ce qui explique le nom de cimetière joyeux.
Dans Sapanta, circulent des charrettes, tandis que les volailles
s'ébattent en liberté. Les femmes filent la laine
devant leur porte, une vache passe tranquille, et quand l'orage
éclate, les gouttières rendent l'eau directement
au fossé, par dessus les clôtures et les passants.
Gare à la douche, si on ne les a pas vues !
Après le déjeuner, nous partons
dans la vallée de Mara. Chevaux et charrettes circulent
de concert avec les voitures. Les villages recèlent des
curiosités, qu'on n'appréhende pas si on reste
sur la nationale. Il faut entrer dans le cœur des bourgs
pour découvrir les maisons en bois aux entrées
fleuries, ou les grands portails sculptés.
Dans les champs s'alignent les meules. Une vieille femme ramasse
son foin, nous nous arrêtons pour la regarder. Elle s'approche
et nous explique qu'elle est veuve et seule (avec les gestes
et quelques mots qu'on reconnaît à leur racine
latine, c'est ce que j'ai compris).
Un peu partout d'ailleurs, les gens, armés de longues
fourches, fanent ou s'en reviennent à pied sur la route.
Notre circuit nous emmène sur le chemin des églises
en bois des Maramures. Chacune d'elle est un petit joyau. Sous
l'auvent des maisons en bois sombre, sèchent ail et oignons.
Un roumain nous conduit jusqu'à l'église de Sarbi,
mitoyenne de son jardin. Au passage il nous fait visiter sa
maison avec le grand métier à tisser, posé
au milieu de la chambre. Il parle français, car il a
travaillé à Paris. En échange, il nous
demande une pièce (que je lui donne volontiers) pour
acheter son tabac.
18 heures : les chevaux, les charrettes chargées
de foin et les paysans avec leur fourche sur l'épaule,
rentrent. Les meules se parent des couleurs du couchant, tandis
que s'embrument au loin les montagnes.
Bourg de Giulesti : Voici les fameux arbres à
casseroles, dont parle le Routard. Dans ce village, nous en
voyons plusieurs. Planté près de la maison, l'arbre
aux branches raccourcies, supporte une dizaine, voire plus,
de casseroles émaillées aux couleurs vives. Et
nous voilà soudain au milieu des troupeaux de vaches
qui rentrent, envahissant la chaussée, comme les bisons
à Yellowstone.
Mercredi 29
En route pour le marché de Sighetu Mare ! Quelques achats,
et nous rentrons à Sapanta sous la pluie. Une cérémonie
a dû avoir lieu à l'église, parce que toutes
les femmes sont en costume local. Il y en a deux sortes : jupe
plissée ample, noire, à mi-genoux, corsage et
fichu noir, ou jupe noire à fleurs roses et fichu assorti.
Dans l'après-midi, nous nous rendons au monastère
de Sapanta, commencé en 1997, et pas encore terminé.
La flèche de l'église culmine à 75 mètres.
Au sommet, se dresse une croix de 7 mètres de long, 430
kg dont 4,3 d'or. Vu la hauteur, peu de chance qu'on la vole
!
Fin d'après-midi : les vaches rentrent une à
une, seules, vers leur étable. Quelques charrettes pleines
de foin défilent sur la petite route devant la barrière,
les quelques habitants du camping (deux caravanes et deux camping-car
aujourd'hui) se prélassent sur des fauteuils en toile,
qui jouant de la guitare, qui attisant un barbecue, qui lisant
un bon bouquin ou écrivant des cartes postales, presqu'en
rond dans cette minuscule cour herbeuse dénommée
camping… et le tout dans un calme à peine troublé
par le bruit du ruisseau et les quelques notes qu'égrène
la guitare.
Jeudi 30
Après une nuit de pluie, le soleil se lève vers
11 heures. Nous prenons quelques clichés du chauffe-eau
du camping… un rudimentaire poêle à bois,
surmonté d'une colonne (le cumulus !) dans laquelle circule
l'eau. Au dessus, une cheminée évacue la fumée
du poêle. Pour exotique qu'il soit, ce mini-camping est
cependant très propre, les deux minuscules blocs sanitaires
sont impeccables, même si le système de fermeture
est un crochet tordu et si c'est un billot de bois qui permet
de maintenir la porte ouverte.
En tout début d'après-midi,
nous partons pour la pittoresque vallée de l'Iza. Charrettes,
animaux sur la route, enfants souriants qui nous offrent une
fleur… Le monastère de Barsana est magnifique :
plusieurs bâtiments en bois richement sculptés
et noyés parmi les fleurs, un ensemble superbe où
il fait bon flâner au soleil.
Nous traversons des villages rustiques, maisons en bois sombre
ornées d'auvents soutenus par des piliers tout au long
de la façade, portails immenses en bois, granges à
claire-voix remplies de foin, femmes filant la laine, charrettes
à bœufs et parfois un petit poulain trottant contre
sa mère attelée à une charrette…
Et encore, groupes de jeunes en costume régional, camions
bringuebalants ramassant la ferraille quand ce n'est pas une
charrette qui remplit cette fonction, paysans fanant dans les
champs avec leur grande fourche en bois, femmes coupant l'herbe
à la faux, oies, canards et poules en liberté.
L'église de Bogdan Voda est ouverte. C'est la première
dont on voit l'intérieur. Des fresques, comme à
Chypre, que restaurent deux jeunes femmes, ornent les murs.
Soudain, c'est l'averse !
Nous allons ensuite à Viseu de Sus repérer où
se trouve la gare du petit train forestier que nous comptons
prendre samedi. Demain, nous nous y rendrons avec la caravane
pour être à pied d'œuvre le jour suivant.
Vendredi 31
Petite balade à pied dans le village de Sapanta, et divers
achats d'artisanat local…
L'après-midi, nous partons pour Viseu de Sus. Nous emmenons
avec nous, Marie et Noémie, deux jeunes filles du camping
qui nous l'ont demandé et qui prennent le train à
Sighetu pour rejoindre Bucarest et rentrer en France.
Après les avoir déposées, nous nous arrêtons
à Leud, et passons un moment à photographier l'église
en bois entourée de verdure, les vieilles maisons, les
portails…
Gens et enfants rentrent des champs, les outils sur l'épaule
et saluent gentiment au passage de la caravane. Nous traversons
la campagne toute verte… Odeurs de foin… Dans les
villages, celles-ci se conjuguent aux relents des chevaux et
aux fumées de bois. Mais ici en pleine nature, ces senteurs
champêtres sont un bonheur.
Arrivés à la gare de Viseu de Sus où nous
projetions de prendre le train forestier demain, pour une balade
d'une journée, voilà qu'on nous annonce qu'il
est complet, un groupe de140 personnes l'a réservé.
Et dire que tout était planifié, reconnaissance
faite hier pour dormir à pied d'œuvre. Galère
!
Nous partons donc en direction de la Bucovine et passons la
nuit après Barsa, juste avant la route de montagne des
monts Rodnei.
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