Lundi 18 juillet
Départ à 8 h 30, pour éviter de déjeuner
à 2 heures de l'après-midi ! Opération
réussie, car nous atteignons Vilamoura à midi
trente, après 4 heures de navigation par mer belle, ciel
bleu et soleil.
Vilamoura est un port touristique, animé de nombreuses
boutiques et restaurants. De grands hôtels dominent l'entrée.
Mais la marina est tranquille. Il fait chaud… journée
paresse… lecture… lavage pour le plaisir de patauger…
balade… cuisine sympa (pâtes aux asperges –
champignons – lardons – jambon – crème
- parmesan)… et soirée calme… La fraîche
est tombée à 21 h 30.
Mardi 19 juillet
Courte étape de 8 milles jusqu'à Albufeira ! La
mer est belle, le paysage aussi, rochers et sable blond.
La marina par contre (aussi chère qu'hier) est située
loin de la ville. Toutes les routes pour l'atteindre sont en
travaux, grillages, palissades, on étouffe. Travaux aussi,
sur une place qui est indiquée comme intéressante
à découvrir… On ne voit que des engins mécaniques.
Le centre de la vieille ville est surtout envahi de boutiques
de souvenirs. Nous revenons par le bord de mer qui est plus
joli et plus frais : rochers… eau émeraude…
belle plage de sable…
Quelle idée d'aller isoler un port de plaisance aussi
loin de la ville ! Il est tout neuf, avec des immeubles de couleurs
variées, très modernes. Mais le tout manque d'âme.
Trop loin de la vie !
Mercredi 20 juillet
Belle étape au moteur, sur océan bleu et ciel
azur… Nous avons longé les magnifiques roches jaunes,
ourlées de fines plages de sable d'or, ou échancrées
de plages plus profondes, comme des crevasses dorées
dans la falaise. Un peu partout se dessinent des arches lumineuses
et des grottes sombres, bordées d'eau verte et frangées
d'une mousse d'écume légère.
Après un pique-nique en mer, dans un mouillage pas abrité,
nous atteignons Portimao. Comme souvent la ville est loin. Nous
traversons les docks et le port commercial avant de l'atteindre.
Nous sommes sortis plus tard qu'hier, il fait moins chaud. Mais
finalement, comme les commerçants ferment vers 19 heures,
et que de plus, chargés de provisions comme des mulets,
nous avons décidé de rentrer en bus, nous n'avons
pas eu le temps de voir la ville, les derniers bus passant à
19 h 50.
Bon, pour le moins, nous avons réapprovisionné
le bord en fruits et légumes, viande, boissons, goûters…
Mais que c'était lourd ! Ce soir, la marina est silencieuse…
Pas de musique techno jusqu'à 3 heures du matin comme
hier à Albufeira… Le port était pourtant
à l'autre bout de la ville, mais il y avait une discothèque
à proximité.
La plupart des ports, ici, ne vivent pas, ils sont situés
loin du centre, ce qui n'est pas très convivial et les
bateaux sont vides. Par contre, on y est bien à l'abri,
et ça ne bouge pas du tout !
Jeudi 21 juillet
La lagune d'Alvor où nous venons d'arriver est un endroit
superbe. Nous avons jeté l'ancre entre des bancs de sable
jaune vif, peuplés d'oiseaux. Le village blanc, assoupi
sous la chaleur, se blottit à l'extrémité
de l'anse. Un air frais adoucit un peu le plomb du soleil. Tout
est bleu, le ciel comme l'océan, et enfermés entre
les langues sableuses, on se sent bien à l'abri. L'étape
a été courte et agréable, au moteur, sur
une mer calme…
Dans l'après-midi, le vent se lève jusqu'à
30 nœuds et s'y maintient, si bien que nous ne pourrons
pas aller à terre en annexe, car le retour, à
la rame, avec le vent de face, s'annonce problématique
avec le clapot qui s'est formé. Alors, lecture et farniente
tout l'après-midi à l'ombre du taud, qui bat sous
le vent, dans un décor de carte postale.
Ce soir, le village d'Alvor est tout illuminé et la lune,
pleine et ronde s'élève lentement, lumière
parmi les lumières. Quel dommage de ne pouvoir faire
une photo ! Le bateau tourne comme un fou autour de son ancre.
Impossible de tenter la moindre image de nuit !
Vendredi 22 juillet
Le jour se lève comme il s'est couché : un vent
qui balaie la lagune, et un grand soleil ! L'anémomètre
balance entre 20 et 30 nœuds, plus souvent 20 que 30, le
grand souffle en viendrait-il à s'essouffler ? En tout
cas, il ne fait pas chaud depuis hier. Le soleil est toujours
cuisant, mais le vent est froid. Cette nuit, la pleine lune
éclairait le mouillage et je regrette encore de n'avoir
pas pu faire de photos, et du village, et de la baie…
La journée s'avance, nous sommes toujours bloqués
avec 30 nœuds de vent, parfois 40. Tantôt, lors d'une
accalmie relative (20 nœuds), nous sommes allés
à terre en annexe. Retour musclé face au vent,
avec une rame chacun à bout de bras, car elles ne tenaient
pas dans les dames de nage, tellement il fallait ramer fort…
(Nos dames de nage n'étant plus d'origine, elles sont
assez mal adaptées). Bel exercice d'aviron !
Heureusement que nous sommes bien à l'abri dans ce mouillage,
véritable lagune fermée qui découvre à
marée basse, de longs bancs de sable doré où
se posent les oiseaux, tandis que les gens du cru viennent y
ramasser des coques et des vers de vase pour la pêche.
Ce soir, un orchestre de jazz, sur la plage, mêle ses
notes à la complainte du vent. Il fait froid, nous avons
bouclé le bateau, car le vent s'insinue partout.
Samedi 23 juillet
Nous avons atteint Lagos, par temps calme, ce matin. Mais ensuite,
le vent a repris avec force, jusqu'au soir. Nous avons fait
des achats tout l'après-midi, dans Lagos, et ce soir,
nous avons dîné au restaurant, après quoi,
nous sommes rentrés en toute hâte au bateau, car
à 23 heures le vent était vraiment froid, et nous
étions en short… Heureusement que pour une fois,
le port était dans la ville, avec juste un pont à
traverser pour franchir la rivière.
Alvor
Dimanche 24 juillet
Route vers Baleeira ! Au départ, nous avons pu longer
tranquillement la côte et ses superbes formations rocheuses.
Ensuite, nous avons hissé les voiles, au près,
mais la mer restait très maniable. A une heure et demie
de l'arrivée, nous avons viré pour atteindre l'abri,
et du coup, nous nous sommes pris quelques bonnes claques d'eau
froide. Mais la mer n'a jamais été vraiment agitée…
et nous n'avons tapé dans les vagues, qu'une seule fois…
Nous sommes au mouillage à quelques encablures de Sagrès
et du cap Saint Vincent, pointe sud-ouest de l'Europe. Le vent
ne s'arrête pas, et pour la première fois depuis
quinze jours, les nuages ont envahi le ciel. Nous nous consolons
avec quelques tranches de pain perdu, bien dorées, pour
le goûter. On ne va pas se laisser abattre le moral pour
quelques nuages, et un grand vent ! Parallèlement, je
découpe des recettes dans des magazines de cuisine. Et
j'écris mon courrier.
Lundi 25 juillet
Lever à 8 heures, pour atteindre le Cap Saint Vincent,
ultime pointe de notre périple !
Dommage, le temps est couvert aujourd'hui. Après quelques
photos – sorte de planter de drapeau symbolique sur le
cap – nous rebroussons chemin vers l'est, pour déjeuner
aux abords de Lagos, au pied des plus beaux coins de la côte.
On avait lu et beaucoup entendu dire que l'Algarve était
surpeuplé l'été, et bétonné
à l'ouest de Faro. J'oppose un démenti à
cette idée. Certes, il y a bien quelques points névralgiques
de la côte où le tourisme et sa cohorte de béton,
s'est imposé en masse (Portimao, Lagos, Vilamoura, Albufeira),
mais le reste du rivage est vierge de constructions et de touristes,
pour une simple raison, c'est que la mer y est inaccessible
de la terre. Elle est dominée par de hautes falaises
qui empêchent toute baignade. Pour voir l'océan,
il faut aller à pied, par les chemins, ou comme nous,
en bateau… Il n'y a donc personne, à part quelques
bateaux de pêche. Même les marinas sont peu fréquentées.
Dans les villes touristiques, il y a évidemment les hôtels
et restaurants attendus, mais on peut facilement y échapper,
car c'est très localisé. Si on aime la solitude,
il suffit de ne pas aller dans ces villes…
Quant à l'est de Faro, là, tout est encore sauvage,
lagunes, oiseaux, bancs de sable…
Nous arrivons à 16 h 30. Belle étape au vent arrière
entre Lagos et Portimao, avec le génois seul, ça
suffisait, car le vent était fort ! Mer très correcte..
Mais ce vent du sud est chargé d'humidité, et
tout est imbibé à bord.
Arrivés à Portimao, nous allons faire un tour
sur le front de mer. Cette fois, nous avons pris le bon chemin,
car la dernière fois, nous avions longé les docks
pendant je ne sais combien de temps, avant de gagner la ville,
et c'est en revenant en bus que nous avions aperçu cette
autre partie de la ville beaucoup plus attrayante.
Mardi 26 juillet
Au lever, ciel plombé… triste !
Mais quand nous quittons le port à 13 heures, le soleil
a fini par prendre possession du ciel qui est redevenu tout
bleu, à quelques cumulus près. Nous longeons les
grottes aux eaux vertes, roches découpées, dans
les creux desquelles poussent des arbres à larges ramures
ressemblant à des pins parasols, mais on a du mal à
les reconnaître de loin.
La côte entre Portimao et Albufeira est vraiment magnifique,
comme aussi à l'ouest de Lagos. Cela vaut vraiment le
coup, si on n'est pas en bateau, de s'offrir une excursion en
mer pour découvrir ces mariages de couleur, bleu, vert,
jaune, ocre, roche, eau, sable… Mais attention à
choisir un jour de ciel bleu !
Dommage que contrairement à nos prévisions, le
vent ne soit pas avec nous en ce début d'après-midi.
Finalement, un souffle d'air forcissant légèrement,
nous permet de hisser les voiles pour avancer entre 2 et 3 nœuds,
sur une mer aussi calme qu'un lac. Jean Paul sort la traîne,
allons-nous pêcher quelque chose ?
Et oui! Vingt minutes plus tard, deux maquereaux frétillent
au bout de la ligne. Et un troisième, un quart d'heure
après… Mais la ligne a été coupée,
peut-être par la vedette à moteur qui est passée
à toute vitesse, à quelques mètres de nous
(ils se croient tout permis, ces gros-là !), à
moins qu'un grand poisson n'ait coupé la ligne en avalant
un maquereau croché au bout de l'hameçon ! Bref,
la partie de pêche s'interrompt, mais nous avons trois
petits maquereaux pour ce soir, nous n'en avions pas besoin
de plus…
Mercredi 27 juillet
Pouah ! Il pleut !
Vers 15 h 30, enfin ça s'est calmé, nous partons.
Mais évidemment, comme le temps n'est plus celui des
quinze premiers jours, nous n'avons pas le vent attendu…
Il est en plein devant !!! Donc moteur !!!
Arrivés à Olhão où il n'y a pas
de capitainerie, nous attachons le bateau. Il est 19 h 20, et
nous partons acheter des crabes comme nous l'avions déjà
fait la semaine dernière. Les boutiques ferment à
20 heures, nous avons le temps. Mais impossible de sortir par
la première porte des pontons !
Il faut dire qu'ici, dans chaque port, on est enfermé
et on a une carte pour sortir (moyennant caution qui nous est
rendue à notre départ).
Mais là, il n'y a pas de capitainerie, donc pas de carte
pour sortir, et la semaine dernière tout était
ouvert. Qu'à cela ne tienne, nous allons à la
deuxième porte… fermée ! Le temps passe,
et notre envie de crabe grandit.
Nous retournons chercher l'annexe et sortons du port en nous
glissant sous l'escalier d'accès au ponton, puis nous
escaladons le muret empierré… Ouf, nous sommes
libres. A 20 h 05, nous avons nos crabes en main. Retour par
le même chemin !
Jeudi 28 juillet
Le beau temps est revenu quoique le ciel ne soit plus aussi
uniformément bleu. Ce matin, les portes des pontons étaient
ouvertes, nous avons pu aller faire un tour en ville. A midi,
nous mangeons au mouillage, près de la sortie de la lagune.
Superbe étape au vent arrière dans l'après-midi,
la mer nous offre des bleus et des verts dignes de la palette
d'un peintre. Le ciel lavé à l'horizon, de plus
en plus bleu au dessus de nos têtes, ajoute une touche
pastel à un paysage sublime… Quelques longues bandes
de sable doré, frangées de vagues d'écume
et comme posées sur l'eau , sont parcourus par des quantités
d'oiseaux en quête de pitance.
Nous arrivons à Tavira en fin d'après-midi. Mais
là, c'est beaucoup moins plaisant. : lagune encombrée
de bateaux qui vont et viennent dans tous les sens, navettes
entre la terre et l'île, un vrai remue-ménage,
et bruyant en plus ! Nous n'avions pas eu cette impression à
l'aller. Peut-être étions-nous arrivés plus
tard, quand tout le monde était déjà rentré
?
Vendredi 29 juillet
Il y a trop de vent pour aller à la ville de Tavira en
annexe, surtout qu'on a dû mouiller loin du bord par manque
de fond. Nous décidons de partir. De toutes façons,
il nous reste quelques jours avant de sortir Cap Sounion de
l'eau, et nous pourrons y aller avec la voiture quand nous l'aurons
récupérée.
Retour à la case-départ : Isla Canela... après
3 h 30 de vent debout entre 25 et 30 nœuds, sous voiles
au début, puis grand-voile et moteur, quand on a vu que
le plat-bord n'était pas loin de tremper dans l'eau.
Le génois affalé, le bateau a perdu un peu de
gîte. Dommage, ça filait bien ! 5,8 nœuds
au près, remarquable pour un bateau de cette taille !
A Isla Canela, on a eu un peu de mal à trouver une place
jusqu'à mercredi, mais à force de recherche, on
a fini par nous en dégoter une. Le port est petit et
on a eu de la chance. Nous voici donc ici pour cinq jours afin
de découvrir l'Algarve côté terre, après
l'avoir admiré côté mer.
Isla Canela, est juste à la frontière, on y vit
à l'heure Espagnole, mais nous réglons nos montres
sur l'heure Portugaise (soit une heure de moins), puisque nous
allons excursionner au Portugal.
Cet après-midi, nous nous rendons à Faro et à
Tavira en voiture. Bien que d'une taille déjà
conséquente, ces deux villes apparaissent calmes : peu
de circulation, peu de bruit, peu de monde. Nous l'avons déjà
constaté dans d'autres villages de la côte, les
gens restent chez eux… on ne les voit pas assis sur le
pas de leur porte, ou sur les placettes à l'ombre des
grands arbres, comme le font les Espagnols. Les magasins ferment
plus tôt (vers 19 heures) et après il n'y a plus
grand monde dehors. Alors qu'en Espagne, tout le monde sort
à la fraîche.
Les centres historiques de Faro et Tavira offrent un charme
paisible. Du haut de la cathédrale de Faro, nous avons
pu admirer toute la lagune et la mer derrière…
Un beau panorama !
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