Mercantour, Verdon, Provence - 2011
En
Caravane
Jeudi 5 et vendredi 6 mai
Longue route pour atteindre Saint Martin de Vésubie,
petit village de montagne, conseillé par l'ami Alain
!
Tout au bout de la France, au coeur du Mercantour, nous avons
posé la caravane au camping Saint Joseph, dans un verger
sympathique, après avoir roulé vingt heures en
deux jours.

Samedi 7 mai
Petit sms pour l'anniversaire de Vince et jolie balade ensoleillée
à Saint Martin de Vésubie avant de déjeuner
dans le verger. A quelques pas en contrebas, se promènent
trois chevaux.
Dans l'après-midi, nous grimpons à travers la
pinède jusqu'à la Madone de Fenestre, à
une douzaine de kilomètres de St Martin, où nous
devons laisser la voiture qui ne peut aller plus avant dans
le parc du Mercantour. La neige est toute proche sur les flancs
des montagnes. Nous grimpons pendant cinquante minutes sur un
chemin escarpé et rocheux assez difficile. Le paysage
n'est pas spectaculaire, rochers... et rochers... plaques de
neige... Le lac de Fenestre est encore loin (au moins 45 minutes),
quand des marcheurs nous informent qu'il est sous la neige et
invisible, parce que situé à 2300 mètres
d'altitude et même inaccessible car on s'enfonce dans
la neige jusqu'aux genoux.

Nous n'allons pas plus loin. Nous avons la
chance d'apercevoir une marmotte et un troupeau de chamois avec
leurs petits de l'année.
A peine quelques gentianes et la descente en 35 minutes nous
ramène en bas. Finalement nous aurons été
deux heures en montagne, je trouve que ça manque de végétation,
mais on a quand même vu les animaux.

Dimanche 8 mai
Venanson... un vieux village paisible à peine troublé
par le chant des multiples lavoirs qui émaillent ses
ruelles... Campanules, corbeille d'argent et ravenelles s'accrochent
aux murs, profitant de la moindre poussière pour s'enraciner.
Le village domine la vallée de la Vésubie et fait
face à Saint Martin. Nous longeons les murets qui l'entourent,
découvrant la vue plongeante sur la verdure et la rivière.
Vieilles maisons calmes, voûtes sombres et fraîches,
nous retrouvons le charme des villages perchés de la
région de Forcalquier.
De retour à Saint Martin et après
une promenade dans les ruelles en pente du village, nous regagnons
notre joli verger fleuri d'iris, boules de neige, weigelia et
promesses de roses trémières pour l'été.
Vallée de la Gordolasque, un nom qui chante comme le
torrent qui rebondit au creux de la faille, vertes prairies
surveillées par les cimes enneigés, cascades,
vacheries isolées, lacets qui escaladent le flanc de
la montagne.
Au pont du Countet, c'est la fin de la route. Nous laissons
la voiture et pendant une bonne heure de rocher en rocher, de
flaque en rigole, sur l'herbe spongieuse, nous grimpons le long
du torrent joyeux qui détrempe le sol.
A la descente en voiture, sur Belvédère, les prairies
éclatent de vert sous le soleil cru d'une belle journée,
puis c'est La Bollène, village sans intérêt
particulier, ensuite Lantosque perché sur un éperon
rocheux, au sommet duquel nous montons paisiblement.
Les fleurs d'acacias au couchant embaument la route du retour
vers Saint Martin.
Lundi 9 mai
Sous le même ciel bleu que les jours précédents,
nous partons en excursion pour la journée. Que la nature
est belle à cette époque, avec ces verts tendres
et ses bouquets fleuris ! Acacias, lilas, boules de neige...
Saint Martin, Valdeblore, la route sinue et s'élève
jusqu'au col de la Couillole. Deux mètres devant la voiture,
un chamois traverse la route accrochée au flanc de la
montagne. D'un bond, il franchit la glissière de sécurité
et se rétablit sur la pente abrupte en contrebas. Le
village de Roubion s'agrippe de toutes ses maisons à
la roche à pic, sentinelle au-dessus du vide.
A Beuil, débute la boucle de 93 km que nous allons parcourir
aujourd'hui. Les gorges du Cians s'encaissent entre de hautes
murailles rouges. Le torrent éclabousse de vert et d'écume
les larges pierres rouges polies par le temps. Les à-pics
colorés, émaillés de verdure, ceinturent
la route à droite tandis que le torrent impétueux
en épouse chaque courbe. Parfois les falaises des deux
rives se rejoignent formant une clue. Symphonie de vert et de
rouge, comme à Zion (usa) ou dans le Colorado, voûtes
et failles comme à Petra (Jordanie) !

La corbeille d'argent et les genêts
se cramponnent aux murs abrupts, égayant les rouges de
taches blanches et jaunes. Nous déjeunons, chez Ricardo,
sur une petite terrasse sous un toit de canisses. Il n'y a pas
de menu, mais c'est bon et pas cher. Puis nous prenons sur la
droite, la route des gorges de Daluis. En quelques dizaines
de mètres, la montagne passe du blanc au rouge. C'est
étonnant !
Alors que les gorges du Cians serpentaient entre de vertigineuses
parois, celles de Daluis taillées en balcons offre des
vues spectaculaires sur la rivière verte dans son écrin
pourpre.
La route en corniche qui se glisse sous les arches de roches,
se découvre des airs de grand canyon. Il faut s'arrêter
de place en place, pour apercevoir le lit du Var profondément
encaissé au fond de la faille. La boucle continue par
Guillaumes, puis Valberg et retour à Saint Martin.

Ce soir, comme tous les soirs, je prends ma
guitare et mon ordinateur portable sur lequel j'ai stocké
quelques morceaux à apprendre grâce à un
logiciel emprunté à la bibliothèque et
je m'entraîne inlassablement. Puis vient l'heure de la
lecture vespérale.
Mardi 10 mai
Après quelques courses le matin, nous déjeunons
tôt pour nous rendre ensuite au parc Alpha, le parc des
loups. D'affût en affût, on peut y apercevoir les
meutes qui vivent là en semi-liberté, dans une
forêt de mélèzes et d'épicéas.
Trois scénovisions d'une vingtaine de minutes chacune,
complètent la visite, présentant le loup du point
de vue de l'éthologue, des éleveurs, du louvetier
et évoquant le loup des légendes.

Après 3 h 30 dans le parc, nous montons
jusqu'au parking du Boréon, où nous laissons la
voiture pour aller faire un tour dans le parc du Mercantour.
Mais ça grimpe dur, nous ne montons pas très haut,
une demi-heure de marche seulement !
Rentrée à la caravane, j'envoie un sms à
Foxie, mon amie Suisse qui devrait se trouver à Moustiers
Sainte Marie, jeudi. C'est le hasard qui nous a fait prendre
nos vacances au même moment et dans la même région.
Depuis septembre 2003, nous communiquons par l'intermédiaire
de mon groupe de voyages Images de partout et d'ailleurs. En
octobre 2009, nous avons commencé une correspondance
privée, échangeant plusieurs mails par semaine
et depuis mars 2010, nous discutons souvent sur Messenger...
Pourtant nous ne nous sommes jamais rencontrées !
Le hasard va donc permettre cette rencontre !
Mercredi 11 mai
Ce matin, nous quittons Saint Martin. Sortir du camping n'est
pas une mince affaire car le chemin est en forte déclivité
et qui plus est en épingle à cheveux. La petite
route permettant de regagner la nationale, n'est guère
mieux ! La montagne surplombe la chaussée et nous croisons
de nombreux poids lourds. Passage particulièrement délicat
quand un camion arrivant en face, nous oblige à serrer
les roches au plus près. Il nous faudra plusieurs minutes
pour nous dégager de là, sans accrocher la paroi
rocheuse... centimètre par centimètre... Ouf,
ça passe ! Si bien que partis à 9h45, à
midi nous avons fait moins de 70 km. Une vraie galère
!
Arrivés à 14 heures à Castellane, nous
nous installons à la ferme du Cheiron, dans un champ
pour nous tout seuls, avec à deux pas lavabos, eau chaude,
douche et branchement électrique. La caravane, est cachée
derrière de grands arbres qui nous donnent un peu d'ombre.

Nous nous rendons au supermarché pour
approvisionner la caravane puis finissons l'après-midi
dehors avec tables et fauteuils de camping, en regardant les
documents du coin. Foxie m'appelle et on se donne rendez-vous
pour le lendemain.
Jeudi 12 mai
Journée Verdon et Moustiers Sainte Marie... Aujourd'hui,
nous allons suivre la rive nord jusqu'au lac Sainte Croix.
Au Point Sublime, premier belvédère sur notre
route, une petite marche de vingt minutes aller-retour nous
permet de plonger le regard au-dessus du Verdon, qui d'un beau
vert vif, fend d'un coup de pinceau nonchalant, la toile montagneuse
du paysage.
Après plusieurs points de vue sur le torrent vert, le
lac de Sainte Croix apparaît, immobile dans son écrin
de verdure, reflétant les rives paisibles.

Nous allons faire un tour aux Salles du Verdon,
puis gagnons Moustiers où nous mangeons en haut du village,
sur une terrasse ombragée par de gros oliviers et bordés
de grands rosiers jaunes. Le bourg est très agréable,
ruelles en cailloux polis, joli pont de pierre au-dessus d'une
cascade, fleurs et vieux murs, faïences un peu partout,
en effet Moustiers (beau village de France) est spécialiste
de la faïence.
15 heures : mon portable sonne. Foxie est en bas du village,
nous en haut. C'est amusant de guetter les gens qui montent
pour repérer quelqu'un qu'on n'a vu qu'en photo et encore
sur une photo pas forcément récente. Et puis,
c'est la rencontre... Nous nous reconnaissons tout de suite...
Une heure de bavardage à une terrasse de café...
Comme si nous nous connaissions depuis toujours... Nous avons
échangé tant de fois par mail, discuté
de tant de choses, raconté nos maisons, nos familles,
nos amis, que la rencontre est naturelle... Nous savons beaucoup
l'une de l'autre, voyages, sorties, joies, attentes, déceptions.
Nos conceptions de l'amitié, de la fidélité,
de la confiance, se ressemblent.
Jamais les mails de l'une ne restent sans réponse de
l'autre et nos papotages, du bout des doigts sur Messenger,
nous emmènent souvent fort tard dans la nuit, jusqu'à
des deux heures du matin.
Une heure c'est vite passé. Foxie remonte dans son grand
bus à étage et nous, nous rentrons à la
caravane. Un gros orage s'abat sur nous dans les derniers kilomètres.
Mais au camping, il pleut à peine quelques gouttes. Très
vite, le soleil perce et sourit à travers les nuages.

Vendredi 13 mai
Shopping à Castellane sous un ciel éclatant. Dans
l'après-midi, nous attaquons la boucle intérieure
de la rive nord du Verdon encore appelée la route des
crêtes. Il fait chaud et quelques cumulus s'aventurent
au-dessus de nous. Dans la profonde entaille aux falaises à-pic,
de grands vautours fauves planent, sans un battement d'ailes.
Ils glissent dans la chaleur, au-dessus des profondeurs ombragées.
Verdon vert émeraude, végétation verte,
jaune dorée, genêts et campanules violettes, chaque
arrêt au bord des gorges, découvre un panorama
vertigineux et coloré.

Nous montons toujours de belvédère
en belvédère et les vautours nous accompagnent.
A chaque arrêt ils viennent nous faire un petit vol plané
au-dessus de la tête. Au pas de la Baou, nous sommes à
1285 mètres. Quelques 715 mètres plus bas, coule
le Verdon à une altitude de 570 mètres. Ce n'est
pas autant qu'au cirque de Mafate (1000 m) à La
Réunion, mais c'est déjà impressionnant
!
Sur le retour, nous nous arrêtons à Rougon, au-dessus
duquel tournoient une quinzaine de vautours fauves. C'est de
là, qu'ils ont été remis dans la nature
jusqu'en 2005, l'homme les ayant tous exterminés autrefois.
Rougon, c'est aussi un vieux lavoir qui chante et un cadran
solaire sur la façade de la mairie. Au loin coule le
Verdon !
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