En Limousin
- 2008
En
Caravane
Après un séjour d'une semaine en Espagne,
alors que le temps s'est dégradé, nous décidons
de passer nos derniers jours de vacances en France.
Voir le
début du journal (en Espagne)
vendredi 9 mai
La météo annonce du beau temps en France. Profitons
donc des avantages de notre home ambulant et salut l'Espagne
atlantique... au profit de contrées plus ensoleillées...
Nous nous dirigeons vers le Limousin, où le temps semble
clément...
A 22 heures, nous nous arrêtons sur la grande place d'Eymoutiers,
quarante kilomètres après Limoges, pour passer
la nuit, et chercher demain un camping, car on n'y voit plus
rien !
samedi 10 mai
A 9 heures, nous nous mettons en quête d'un camping. Nous
roulons dans un océan de verdure, agrémenté
de buissons de genêts fleuris. Le tendre vert des feuilles
tout juste nées, se détache sur le vert sombre
des grands sapins. Fougères naissantes et herbes fraîches
habillent les fossés. La nature fait étalage de
sa palette de verts. Le soleil qui dort encore, dans son lit
de nuages, pointe à peine le bout d'un rayon.
Une heure plus tard, nous nous installons au camping de Vauveix
qui donne sur le lac de Vassivière et nous allons faire
un tour dans la forêt, jusqu'à midi, par un petit
sentier qui borde le plan d'eau. Juste après le déjeuner,
nous entamons un itinéraire en voiture, qui offre de
jolis coins-nature, bords de lac, cascades, barrages et autres
petits bourgs... La balade débute autour du lac aux rives
boisées. D'énormes tas de bois coupé, bordent
la route qui, contournant le plan d'eau, nous amène au
barrage de Vassivière. Bientôt, nous quittons le
lac... feuillus...conifères... or éclatant des
genêts...

Sur la toute petite route qui conduit à
la cascade des Jarrauds, des fruitiers en fleurs enchantent
le paysage, avant que nous ne nous glissions sous un tunnel
de verdure, dans lequel les rais de lumière flirtent
avec l'ombre du sous-bois. Un geai vole devant nous, les oiseaux
réjouissent la forêt de leurs fraîches mélodies,
des glycines courent sur les vieilles pierres... Nous avançons
doucement sur la route quasi-déserte, voici la voie romaine
piétonne qui mène à la cascade. C'est très
plaisant de marcher au bord du torrent dont la chanson nous
emplit les oreilles, tandis que du sol, s'exhalent des odeurs
humides et terreuses. Les oiseaux lancent des trilles, le soleil
enflamme l'écume de l'eau bondissante, nous flânons
longtemps, nous arrêtant tous les dix mètres, pour
une photo, une fleur, un insecte coloré...
Sur la route de Saint Léonard de Noblat, les collines
moutonnantes à perte de vue, les chevaux en liberté,
le miroir lisse de la Maulde sinuant paresseusement sous les
arbres penchés vers leur reflet, les champs de genêts
et les prairies d'herbe neuve, apaisent le regard. Il n'est
pas grand chose, dans ce petit coin, qui ne soit un appel à
la rêverie, les noms des lieux-dits eux-mêmes, évoquent
la douceur de vivre... Mont Larron, prieuré de l'Artige,
moulin du Muraud, Boulade, la Vialle... Notre errance nous amène
à une petite pause au bord de la Vienne. Assis sur un
gros rocher plongeant dans la rivière, non loin d'un
ancien moulin à eau qui fabriquait du papier, nous regardons
s'écouler à nos pieds, les eaux bousculées
par deux petits rapides qui écument à quelques
pas de là.
Nous rentrons par Bujaleuf, Eymoutiers, traversant des bourgades
aux maisons en pierres de pays, serrées contre de vieilles
églises et toujours de grands espaces naturels où
veaux et vaches paissent en toute quiétude.
Doucement, les ombres tombent autour de nous. Le lac face à
la caravane s'assombrit imperceptiblement. Une barque glisse
en silence... Je savoure les "mémoires glacées"
de Nicolas Vanier... Soirée quiétude... une dose
de cuisine pour le plaisir du palais, une touche de lecture,
un soupçon de musique... Recette infaillible !
Dimanche 11 mai
Ce matin, nous nous dirigeons vers le plateau de Mille Vaches,
pays de sources et de lacs, avec comme objectif, le signal d'Audouze,
point culminant des routes corréziennes (938 mètres).
Le soleil qui s'amuse avec les nuages, éclaire de-ci,
de-là, le paysage de touches riantes. On dirait un tableau
de lumière, brossé au petit matin par Dame Nature
elle-même, pour le bonheur de ceux qui l'aiment. Nous
rencontrons des petits bourgs aux maisons de pierre, alignées
au bord de la route... des rivières et lacs si lisses
que les arbres, sur l'eau, sont plantés à l'envers,
reflets parfaits, sans une onde, sans un trouble... des odeurs
de grands sapins à peine réveillées par
la tiédeur naissante.
Une fois le signal d'Audouze atteint, rien
de très exceptionnel, nous rebroussons chemin.
Il y a du subjectif dans la beauté d'un paysage. Ce qu'on
a décidé de trouver beau, l'est souvent, et si
le regard sait éviter ce qui le dérange, la photo
le fait encore mieux. Points de vue différents, intentions
différentes, on peut décider de montrer le beau
ou le choquant. J'ai fait le choix du beau, dans ce voyage,
ce n'était pas difficile, nous avons traversé
de magnifiques régions. Dans certains autres périples
(Inde, Afrique...), ce n'est pas forcément, ou pas uniquement
ce parti que j'ai pris, mais davantage celui de la condition
humaine.
Nous rentrons déjeuner à la caravane, après
une belle balade sur un minuscule sentier, dans les sous-bois
qui bordent la lac de Faux-la-Montagne. C'est étonnant
comme le lac a changé depuis notre premier passage matinal,
l'eau éblouie par le soleil de midi a perdu ses douces
teintes vertes du matin.

Cet après-midi, nous avons prévu
de parcourir les Monts Monédières, un circuit
qui flirte avec la Vézère et les pentes marquetées
de landes, de bois et de prairies. C'est le hasard qui nous
a amenés dans le Limousin en mai, hasard heureux, car
nous profitons des couleurs vives des genêts qui partout,
disputent la place aux buissons de tous les verts et parfois
même, recouvrent des versants entiers tandis que fruitiers,
lilas, glycines illuminent les villages.
Cet itinéraire est moins riant que les précédents,
peut-être à cause de la lumière - le ciel
s'est couvert - ou des sombres forêts de conifères,
ou des routes moins sinueuses, plus fréquentées.
Il y a bien le panorama du Suc au May qui mérite un détour,
il y a bien Treignac, que nous avons parcouru en compagnie de
quelques larmes de pluie et des grondements de tonnerre... C'est
un bourg pittoresque, aux maisons groupées près
de la Vézère, un vieux pont de pierres, des églises
et chapelles aux clochers couverts de petites ardoises, de vieilles
demeures flanquées de tourelles, des ruelles étroites
et pentues... Et puis, les gouttes d'eau éparses jusqu'alors,
se libèrent en une copieuse averse, juste comme nous
arrivons à la voiture. Nous prenons le chemin du retour.
De la route chaude et des champs avoisinants, montent des nuages
de vapeur, sous le ciel apaisé après l'orage.

Dernière soirée ! Je termine
mon septième livre... Victor Hugo a dit "Lire c'est
voyager, voyager c'est lire."Alors, moi je lis et je voyage
doublement...
Mais ce n'est pas le calme habituel... des orages de grêle
s'abattent sur le camping. Il est temps qu'on remonte en Normandie,
il paraît qu'il fait beau chez nous !
lundi 12 mai
A 8 heures, sous un beau ciel azur, mais froid, nous attelons
la caravane. Des bandes de brume légère s'accrochent
au lac. Sur la route, cette chape, qui estompe les contours,
s'élève bientôt pour libérer le soleil,
ne laissant ici ou là, que quelques écharpes nuageuses
au creux des vallons trempés.
Jusqu'à Limoges, je ne lis pas, je me réjouis
les yeux encore un peu, emportant les dernières images
si douces à la lumière du matin.
Après Limoges, ce sera la longue nationale du retour,
je plongerai dans mon carton de bouquins, à moins que
je ne laisse vagabonder mes idées, tout en écoutant
de la musique...
Arrivée à 17 h 30.
Kilométrage dans le Limousin : 410 km
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