Samedi 7 août
9 heures : on décolle pour Mandre sur l'île de
Pag. Mer d'huile jusqu'à midi, nous avons 40 milles à
parcourir. Dès 13 heures, nous avons accompli la moitié
du parcours et largement dépassé Zadar. Le vent
se lève et monte doucement. De petites vagues se forment.
Au loin, sur tribord, nous apercevons un pneumatique qui nous
dépasse très vite. On dirait bien Marafaniou avec
sa bouée orange en haut du rollbar et les enfants avec
leurs gilets de sauvetage orange. Nous poursuivons notre route,
tranquilles, avec moteur et grand-voile.
Nous entrons dans le minuscule port de Mandre à 18 heures.
Après négociation, on nous autorise à rester
une seule nuit au ponton d'accueil. Nous ne savons pas comment
faire pour le reste du séjour. Une heure plus tard, juste
quand Alain et Blandine nous rejoignent sur le quai, on nous
demande de quitter le port, car un gros bateau d'excursion arrive.
Nous mouillons devant Mandre, ce n'est pas super-confortable
et nous ne serons pas protégés, en cas de mauvais
temps. Ce soir, nous dînons dans une konoba au bord de
l'eau, après quoi nous rejoignons le bord en annexe.
La nuit est plutôt calme.
Dimanche 8 août
Quelques courses à Mandre, déjeuner à l'ancre
devant la plage tandis que Marafaniou sort pour des achats à
Novalja. Nous nous donnons rendez-vous dans l'après-midi
sur l'île de Maun, en face de Pag. Nous partons à
la voile dans un tout petit temps, mais c'est très agréable
d'avancer doucement, sans roulis ni tangage et de pouvoir se
balader sur le bateau. Ce n'est possible que parce qu'on n'a
que quelques milles à courir. Sur une grande distance,
on aurait démarré le moteur, faute de quoi l'étape
aurait duré des heures et des heures.
En début d'après-midi, nous jetons
l'ancre dans une jolie crique à l'est de Maun, portons
une amarre à terre et installons le taud. Deux heures
plus tard, Marafaniou nous rejoint après avoir fait le
tour de l'île et Blandine propose qu'on aille à
l'ouest de Maun, dans une crique avec une plagette qu'ils ont
repérée en venant, ce qui est plus pratique pour
Zaza qui (paraît-il) ne sait pas nager. Nous saurons beaucoup
plus tard, qu'en fait, elle faisait juste semblant de ne pas
savoir nager, pour se faire dorloter ! Je viens de m'apercevoir
que j'ai oublié de présenter Zaza, qui pourtant
depuis une bonne semaine nous amuse beaucoup et dont tout le
monde prend le plus grand soin. Juste un exemple, là
voici endormie avec un foulard mouillé, destiné
à la protéger d'une insolation !
Nous relevons l'ancre, récupérons
le bout porté à terre, rangeons le taud et passons
à l'ouest de l'île. En chemin, nous découvrons
de jolis points de vue sur Maun, île toute verte, qui
se détache devant Pag et le littoral croate constitué
de hautes montagnes arasées par la bora. Ces contrastes
sont fort beaux. Nous rejoignons bientôt Marafaniou dans
la petite crique et passons le reste de l'après-midi
tous ensemble sur la plage de galets. Marie et Valentin construisent
des digues et des barrages, Zaza joue à la balle, court,
la rattrape et nous la ramène pour qu'on la lui relance
encore, le soleil brille, la mer est verte, bleue, belle. Le
soir, Marafaniou rentre à Mandre et Cap Sounion à
Simuni, un abri sûr avec des quais où nous pouvons
aborder et aller manger des calamars et des frites... Une assiette
géante pour le plus petit prix des vacances !
Lundi 9 août
Nous quittons Simuni en début de matinée, dans
un souffle de vent qui nous pousse vers l'île de Maun
entre 0,8 et 2,9 nœuds. Marafaniou parti de Mandre à
11 h 30, nous rattrape rapidement au nord de l'île. Nous
nous rendons ensemble au même endroit qu'hier et Valentin
enjambe les deux bords pour venir barrer un peu à la
voile.
Pique-nique, baignade pour les uns, bavardage
autour d'un café à l'ombre du taud, pour les autres,
l'après-midi s'avance. Un peu plus tard, nous remontons
à l'extrémité nord de Maun, à l'abri
d'un îlot relié à la terre par un cordon
de roches, à peine émergées, contraste
de l'eau turquoise d'un côté et bleu foncé
de l'autre, souligné par la verdure de l'île. C'est
magnifique... mais un peu surpeuplé par de nombreux bateaux
à l'ancre.
En fin de journée, les deux bateaux se séparent,
l'un rentre à Mandre et l'autre à Novalja, 5 milles
plus au nord, un port agité où nous nous balançons
rudement. Nous parcourons la ville très animée,
nombreuses boutiques toutes encore ouvertes à 23 heures
pour les touristes.
Mardi 10 août
Après une nuit plutôt agitée, le bateau
n'a pas arrêté de danser dans tous les sens, nous
avons refait le plein d'essence, le plein d'eau, rincé
le bateau tout salé et nous voilà en route pour
l'île de Skrda juste au nord de celle de Maun. Nous avons
rendez-vous dans un mouillage que nous avons repéré
ensemble sur le GPS et la carte. C'est une ravissante petite
crique toute verte, avec une eau "Hollywood chewing gum"
et de la verdure tout autour. Au centre, une plagette pour débarquer
Zaza.
Nous installons le taud pour bénéficier
d'un peu d'ombre. Marafaniou arrive... Nous passons un après-midi
sympa entre baignade et petit café dans le cockpit, dans
un décor encore plus enchanteur qu'hier. Le soir, nous
nous rendons à Mandre où nous mouillons en dehors
du port et nous dînons tous ensemble à la konoba.
Mercredi 11 août
Dans la matinée, nous descendons en annexe, pour acheter
quelques provisions à Mandre et récupérer
notre téléphone portable que Blandine a emporté
hier afin de le recharger parce que nous n'avons pas eu d'électricité
depuis 12 jours. Les sms sont bien pratiques pour se donner
rendez-vous au jour le jour, depuis qu'on est arrivé
à Mandre. Encore faut-il que la batterie ne soit pas
vide !
Aujourd'hui, nous retournons à la jolie crique de l'île
de Skrda où l'équipage de Marafaniou nous rejoint
dans l'après-midi. Une petite mangouste s'enfuit à
notre approche. Comme les autre jours, baignades et papotages
s'enchaînent, tandis que les enfants s'amusent dans l'eau.
Valentin pêche un petit poisson, sous le regard désolé
de Marie, qui prétend que c'est un "meurtre".
Du coup, elle range sa canne à pêche !
En fin d'après-midi, tandis que Marafaniou retourne à
son port d'attache, nous nous dirigeons vers Silba, où
nous nous retrouverons tous demain pour notre dernier jour ensemble.
Après quoi Alain et Blandine resteront encore une semaine
sur l'île de Pag, tandis que nous remonterons jusqu'à
Grado en quatre longues étapes. La nuit étoilée
enveloppe Silba. Il n'y a pas de lune en ce moment malgré
le ciel clair. Le mouillage ne bouge pas.
Jeudi 12 août
Aussitôt levés, nous partons à la découverte
terrestre de Silba. C'est un village authentique aux vieilles
maisons de pierre; les rues bétonnées longent
des jardins à la végétation méditerranéenne.
Silba, bâtie au centre de l'île, offre deux accès
à la mer, situés l'un à l'est, l'autre
à l'ouest... ce qui représente, environ 500 mètres
à parcourir à travers le village, pour passer
de l'un à l'autre.
Nos amis arrivent vers 13 heures et nous passons notre dernier
après-midi ensemble sur l'île, balade dans le village,
pause sur la plage...
En fin d'après-midi, nous disons au revoir à Alain,
Blandine, Valentin, Marie et Zaza. C'est triste de se quitter,
mais c'est la route du retour qui commence pour nous. Cap Sounion
et Marafaniou s'accolent une dernière fois bord à
bord pour les au revoir, ils sont tout émus à
l'idée de la séparation proche, ils se sont bien
amusés ensemble, se retrouvant chaque jour pour frotter
leurs flancs l'un contre l'autre, se raconter des histoires
de mer, comparer leurs exploits, le vieux frère et le
petit jeune, le lent et le rapide, le baroudeur et le caboteur...
Alors ils se disent un dernier au revoir. Aujourd'hui leurs
routes se séparent, ils verseront peut-être quelques
larmes de mer salées, cachées au milieu des embruns.
Faut pas croire ! Les bateaux ont une âme ! Il paraît
même qu'ils comprennent quand on leur parle !!!
Ce soir, nous décidons d'aller à
Olib, pour passer la nuit ailleurs qu'à Silba. C'est
à 4 milles de là, juste en face. Le soleil se
couche sur une mer d'huile... Les îles s'estompent dans
la brume de chaleur. Nous nous amarrons à la digue extérieure
du port d'Olib. C'est encore un vieux village sans artifice,
un peu moins convivial que Silba, mais il est plaisant d'y marcher
le soir quand le soleil ne cuit plus et que le ciel et la mer
s'embrasent dans ses derniers rayons. Nous dînons à
la konoba au dessus de la mer, après quoi nous allons
mouiller dans la baie toute calme.
|