Mardi 6 et Mercredi
7 juillet
Partis de Normandie mardi à 17h30, avec notre voilier
en remorque, nous roulons jusqu'à Reims où nous
arrêtons vers 23 heures. Après une nuit fraîche,
nous repartons vers 8 h 30 et passons la journée sur
la route. La nuit en Autriche est encore plus froide. Vivement
que nous soyons dans le sud !
Jeudi 8 juillet
Nous démarrons vite après un café chaud,
il fera meilleur dans la voiture. Et nous roulons, roulons encore...
Vers 15 heures, Grado (Italie) se dessine sur fond de lagune
couleur ciel. Nous trouvons sans difficulté un chantier
pour gruter, au bord de la lagune. Une heure après Cap
Sounion est dans l'eau. Nous nous rendons au super-marché
pour approvisionner le bord en conserves, liquides et toutes
choses lourdes à porter, pendant que nous avons encore
la voiture, car bientôt nous serons à pied. Il
faut tout caser dans les coffres, ce n'est pas une mince affaire,
mais nous avons l'habitude et en peu de temps tout est en place.
Nous retournons alors nous promener à Grado, et j'en
profite pour envoyer à Alain et Blandine qui nous doivent
nous rejoindre en Croatie dans trois semaines, les coordonnées
du chantier San Marco, ainsi qu'un plan pour le trouver.
Vendredi 9 juillet
Ce matin, nous nous levons tôt pour mâter le voilier.
C'est du sport ! Et il vaut mieux s'y prendre de bonne heure
pour ne pas cuire au soleil. D'autant qu'après le mâtage,
il reste pas mal de choses à faire. Les divers rangements,
nettoyages et autres préparatifs nous emmènent
rapidement à la mi-journée.
Nous quittons donc Grado à 16 h 15, pour une étape
de 17 milles en partie à la voile. En fin de journée,
le vent qui tombe peu à peu, nous oblige à démarrer
le moteur. Il est 20 heures quand nous accostons à Umag
pour remplir les papiers d'entrée en Croatie. Enervé
le monsieur... parce que Jean Paul ne parle pas anglais !!!
Je prends donc sa place et en 30 minutes nous sommes enregistrés.
La marina est calme, un peu de cuisine, un peu de lecture, un
peu de guitare (je ne l'ai pas touchée depuis février,
mal au bout des doigts...). ensuite, avec Jean Paul on établit
la route jusqu'au 1er août, date à laquelle Alain,
Blandine, Valentin et Marie, nous rejoindront sur leur bateau.
Nous avons rendez-vous dans la baie de Landin, sur l'île
de Pasman face aux Kornati, et donc à partir de demain,
22 étapes à courir avant de les retrouver...
Samedi 10 juillet
Il fait beau... Dommage que la journée commence par un
vidage de porte-monnaie inattendu ... La nuit dans la marina
nous coûte 45 euros (pour un bateau de 6 m 60), soit trois
fois plus qu'à Grado. Quelques minutes plus tard, nous
sommes délestés de 200 euros supplémentaires,
correspondant au coût du permis de navigation, valable
un an, mais qu'on n'utilisera que six semaines (700 kunas),
et à trois mois de taxes de séjour (600 kunas)
pour le bateau et pour nous, ce qui au taux de change en cours,
aurait dû faire 180 euros qui bizarrement s'arrondissent
à 200 !!! A la suite de quoi, nous voici libres de parcourir
l'Adriatique !
Enfin presque, parce qu'il me faut ensuite discutailler pour
faire entendre à la guichetière que notre assurance
(à tacite reconduction) est valable même si elle
n'affiche pas de date de fin d'effet ! Après que je lui
aie expliqué plusieurs fois l'automatisme de la reconduction,
elle finit par prendre mon papier en disant que la prochaine
fois, il faudra faire écrire une date de fin !!!
Bon, on a collé sur le mât, l'autocollant disant
qu'on est en règle. Le nautisme dans certains pays, devient
une activité de riches, même quand on n'a qu'un
petit voilier vieux de 30 ans.
Après déjeuner, nous partons pour Rovinj, 22 milles
en 5 heures, dont une partie sous voiles, le reste avec voiles
et moteur. Rovinj est une jolie bourgade médiévale.
Perchée sur un îlot couvert de maisons, l'église
domine la baie, entourée de maisons aux couleurs pastel...
étroites ruelles, restaurants au bord des quais...
Nous n'allons pas à la marina, nous
nous amarrons à l'intérieur du quai du vieux port,
sans eau ni électricité mais au cœur de la
ville qui s'illumine à la nuit tombante. Après
avoir flâné dans le quartier et dîné
au restaurant, nous rentrons à bord. il fait bon dehors,
mais trop chaud dedans. Tandis que Jean Paul nous bricole un
éclairage extérieur sur la prise du pilote automatique
reliée à la batterie, je gratouille quelque peu
ma guitare avant d'entamer tout à l'heure un nouveau
bouquin. La nuit est tombée, mais le pourtour du port
est tout éclairé. De temps à autre des
clameurs s'élèvent à l'unisson... C'est
la petite finale de la coupe du monde entre Allemagne et Uruguay
et sur toutes les terrasses, les gens regardent la télé.
Et nous, au milieu de cet arc lumineux et bruyant, nous participons
au spectacle sans savoir qui perd ou gagne !
Dimanche 11 juillet
"- Mais qu'est-ce qu'elle a celle-là à crier
comme ça au-dessus du bateau ?"
Il est 8 heures ! La nuit a été chaude, je me
suis endormie quand le ciel pâlissait. A 7 heures, toutes
les cloches de Rovinj se sont mises à carillonner à
la volée, et maintenant celle-là qui hurle depuis
plus de 5 minutes. Je sors la tête et découvre
une policière. C'est nous qu'elle interpelle comme ça
! Il faut partir "subito". Ici, on ne peut stationner
que pour les déclarations d'entrée et sortie du
pays ! Bon, pas grave, on est là depuis hier. Nous allons
jeter l'ancre un peu plus loin dans la baie pour prendre notre
café en paix et passer une matinée tranquille.
Dans l'après-midi, nous partons sous voiles. Une quinzaine
de milles en 3 h 30 avec l'album "Love" des Beatles,
sur fond de vagues. Mais au bout d'un moment, nous devons démarrer
le moteur alors je range le lecteur MP3. L'entrée dans
l'échancrure de Pula est moche ! La marina, dans un cadre
sinistre bien qu'au pied des arènes, est encore très
chère... 40 euros... pour notre bateau minuscule !
Pour comparaison, le tarif de l'ensemble des côtes françaises,
selon le guide "Escales", pour un port bien équipé,
s'inscrit presque partout dans une fourchette de 25 à
30 euros pour un bateau de dix mètres... Le nôtre
n'en fait que six.
Je crois que nous allons devoir nous résigner à
ces tarifs surprenants, et par conséquent éviter
à chaque fois que possible d'entrer dans les marinas
!
Un petit tour dans Pula, nous permet de découvrir une
ville plutôt tristounette, dépourvue de toute animation,
en ce dimanche après-midi. Nous réservons cependant
pour la soirée, une table dans un restaurant avec télé,
afin d'assister à la finale de foot Espagne-Pays-Bas.
Nous sommes pratiquement les seuls à espérer voir
l'Espagne gagner. Et le but marqué par les Espagnols
à deux minutes de la fin des prolongations est accueilli
par un silence désabusé. Nous, nous sommes contents,
c'est mérité... Et le mixed grill était
délicieux ! De retour au port, nous entendons quelques
cornes de brume, chants et klaxons, mais dans l'ensemble les
rues restent assez calmes. Ici, tout le monde attendait les
Pays-Bas.
Lundi 12 juillet
Notre ancien taud bleu, vieux de 30 ans, fabriqué à
partir de la toile de notre première tente de camping,
a été mis en retraite ce jour... Nous avons trouvé
après quelques recherches, un grand taud en plastique
gris de 4 x 2,50 m qui couvre beaucoup mieux le bateau et qu'on
peut attacher plus haut sur le mât, donc plus d'ombre,
plus d'air, plus d'espace. Avec cette chaleur torride, c'est
appréciable.
Medulin... mouillage atteint après
3 h 1/2 de navigation sans vent quasiment. Voiles et moteur...
J'ai failli dire "mouillage tranquille"... C'est vrai,
la mer est plate, pas de vagues... Mais c'est sans compter les
allées et venues bruyantes des bateaux à moteur,
des pêcheurs, les flonflons de la fête foraine et
les hurlements de ceux qui sont dans les manèges.
Vers 22 heures, un canot nous aborde et on nous signale qu'il
ne faut pas rester là, on nous propose même aimablement
de nous amarrer à une bouée communale. Je range
la guitare, les coussins, tout le bazar et le type nous aide
à récupérer l'anneau d'une bouée
proche. Une fois tout arrimé, il nous annonce que maintenant
il faut payer ! Ah non, on ne va pas payer pour s'amarrer au
milieu d'un mouillage ! Nous relâchons sa bouée
et lui lançons un "bye bye" ironique. On est
là depuis 17 h 30 et c'est à la nuit noire qu'on
vient nous dire de ne pas mouiller ici... Avec l'idée
peut-être que de nuit, on ne va pas repartir et donc acquitter
la taxe pour rester là ! Goguenards, mais furieux quand
même, nous allons jeter l'ancre un peu plus loin dans
la baie. L'avantage c'est qu'on entend moins la fête foraine.
Mardi 13 juillet
La nuit a été calme finalement. Comme un souffle
d'air s'est levé, j'ai bricolé une manche à
air, pour profiter à l'intérieur de ce petit peu
de fraîcheur. Ce matin le mouillage remue un peu mais
pas trop, c'est supportable, il faut juste ne pas lâcher
le bol, sinon il glisse dangereusement vers le bord de la table.
On va partir dans la matinée, après avoir préparé
les salades pour ce midi.
Ossor... 15 heures... Nous ne sommes pas venus directement.
Les vagues frappant de face peu après le départ,
nous avons bifurqué vers le nord, pensant rejoindre un
autre abri et repartir demain. Finalement au bout d'un moment,
le vent étant tombé et la mer moins hostile, nous
avons repris la direction d'Ossor.
Nous restons le long du quai en attendant l'heure d'ouverture
du pont entre Losinj et Crès. J'en profite pour aller
mesurer avec un mètre le tirant d'air sous le pont, pour
le communiquer à Alain. 1 m 80... Avec leur pneumatique,
ça devrait passer sans attendre que le pont pivote, mais
il reste une inconnue, le marnage dû aux petites marées
de l' Adriatique...
En fin d'après-midi, nous pénétrons
dans le petit port de Nerezine, sur l'île de Losinj, juste
à l'extrémité du chenal qui mène
à Ossor. C'est un village sympathique constitué
de quelques maisons pastel au bord de l'eau, que nous découvrons
au cours d'une promenade rapide dans le village et ses abords,
à la suite de quoi nous passons une soirée paisible.
Mercredi 14 juillet
De bord en bord, sous un vent léger et sur une mer plate,
parce que coincée entre Losinj et Crès, nous gagnons
Veli Losinj en milieu d'après-midi. Après une
balade autour du ravissant port miniature, que nous retrouvons
semblable à lui-même après 27 ans (nous
y étions allés en 1983),
nous reprenons la mer en direction de Silba où en fin
de journée, nous jetons l'ancre avec les deux voiles
encore hissées. Il suffit de remonter au vent au dernier
moment pour stopper l'erre du bateau.
Jeudi 15 juillet
Mouillage immobile... Le jour se lève, la mer plate comme
un miroir renvoie au ciel ses mauves et ses roses... Le reflet
de tous les bateaux au mouillage se baigne dans une eau sans
rides. On dirait une vaste piscine brumeuse. De temps à
autre, une vague onde fait trembloter l'image des mâts
dans l'eau, tandis que les premières cigales s'éveillent
dans le silence matinal. Après avoir goûté
ce délicieux moment du petit matin, je retourne dormir.
Après le petit déjeuner, nous nageons dans cette
eau claire qui n'a pas encore pris une ride. Elle paraît
fraîche, sur nos peaux brûlantes de soleil... Un
air léger s'élève, la surface de l'eau
se plisse, ondule et reprend sa figure de mer. Les bateaux commencent
à circuler alentour et nous à nous balancer au
bout de notre ancre. Senteurs de pinède chaude, eau bleu
ciel...
Nous passons l'après-midi en mer, pour atteindre Petrcane,
un port si minuscule qu'il n'y a de place que pour les locaux.
Nous accostons en bout de quai, le temps de faire quelques achats,
et allons mouiller hors du port ensuite. Ça remue beaucoup,
c'est loin d'être aussi agréable qu'hier soir.
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