Mardi 14 août
Le temps de remonter au Nord est venu. Au revoir, Dubrovnik,
nous allons reprendre notre flânerie, le long de rivages
enchanteurs…
Mercredi 15
Du vent tous azimuts aujourd'hui, mais jamais dans le bon sens
!
Nous allons ici et là, toujours contrariés par
le vent. Enfin, nous atteignons Lumbarda…
Après une soirée au restaurant (orchestre et piste
de danse), nous rentrons à bord.
Minuit.. Nous dormions…Il faut quitter le quai car la
houle naissante nous cogne contre le bord… L'ancre est
jetée un peu plus loin par prudence… Deux heures
du matin… Nous dormions… Un chant puissant nous
réveille, une cinquantaine de voix à l'unisson,
tout près de l'arrière du bateau, on croit rêver,
il n'y a que de l'eau autour de nous… Et puis un bruit
de moteur… Je sors précipitamment… Le bateau-promenade
est à 50 cm de nous, plein à craquer de gens qui
rentrent chez eux… Il manœuvre, et s'éloigne
doucement emportant dans le noir le chant qui s'éteint
peu à peu dans le lointain… Cette fois, nous pourrons
finir notre nuit tranquille !...
Jeudi 16
Nouvelle perte en mer du "truc à bulles" suivie
de sa récupération immédiate…
Vincent fait voguer son petit voilier… Nous lisons, c'est
calme ! La lumière orange du couchant noie la baie d'une
paisible tranquillité. Une drisse dans le mât,
rythme les pulsations des vagues… métronome d'une
eau devenue musique…
Soirée passée à jouer au Boggle,
jeu de calcul mental avec des dés. Il faut voir Vincent,
un grand sourire aux lèvres quand il gagne, et la mine
longue quand il perd. Quant à Olivier, il trouve toujours
le bon résultat; il écrit des nombres qu'il copie
sur le jeu et les place dans tous les sens sur sa feuille, concluant :
"- J'ai gagné, faut le faire, c'est moi qui avais
le nombre le plus proche !"…
Samedi 18
A midi, escale à l'île Hvar… Olivier pêche
au lancer, il jette sa cuiller au loin; des poissons il n'en
prend pas… par contre il accroche une serviette, la bôme,
Jean Paul, l'étai, un hauban, un cordage ! Ça
mord !
Nous repartons pour Stomorska à grande allure (6 nœuds
presque de bout en bout !), mais le rail d'écoute finira
par céder et nous devrons passer un cordage de fortune…
Entre les îles Solta et Brac, je vais abattre le génois,
bel exercice sur la plage avant… Je renvoie le foc ! Avec
28 nœuds de vent, c'est plus prudent ! Et puis non, le
vent tombe… Bon, je vais re-hisser le génois !
Je largue la drisse, le foc tombe… "Attends ça
remonte !"
Bon, j'ai compris, je renvoie le foc et il y reste…
Ce soir, barbecue… et ça marche… Je vais
griller des tomates en plus… Eh non ! Le vent a tourné,
la baie n'est plus protégée, un méchant
clapot se lève… Nous avalons nos merguez au plus
vite, avec les tomates crues, plions bagages, relevons l'ancre
dans la nuit épaise et filons nous abriter tout au fond
du port.
Il fait frais : 27 ° ! A midi, nous avions 36…
Lundi 20
Petit matin, un coq chante. Le soleil attaque de ses rayons
obliques la surface de l'eau. Les murs de pierres ont pris cette
teinte jaune qu'on ne retrouve ensuite à aucun moment
de la journée, il fait frais, il fait silence…
Nous partons pour Primosten… Les vagues moutonnent…
L'étrave fait rejaillir des myriades de gouttelettes,
des gerbes d'étincelles liquides qui lorsqu'elles retombent,
forment un arc-en-ciel entre ciel et mer, une mer sombre d'un
côté et couleur d'or face au soleil, qui jette
des pointes mousseuses de toutes parts. Quel spectacle !
Mardi 21
Sur le quai, à Primosten, nos sardines grillent bien
sur le barbecue. Vincent qui était parti acheter des
pastilles à la pharmacie revient en disant : "J'en
ai marre, j'ai fait la queue, on n'a pas voulu me servir, et
puis les gens changeaient de l'argent… dans une pharmacie,
on ne change pas d'argent !"
Et pour cause ! Il s'était trompé de boutique,
il était entré dans une agence de voyage ! Il
y est retourné, et cette fois, il a bien trouvé
!…
Nous partons pour Vodice… Le bateau file bien… A
l'arrivée, il est couvert de sel, moteur, barres en alu,
pont, coque tout est poudreux du sel que la mer a déposé.
Nous en ramassons des quantités, on pourrait en remplir
la salière !…
Tandis que j'écris, se déroule dans la cabine
avant, une sorte de match de catch à trois, entre les
"bonshommes". Beau chahut et rires à la clef
! Tout le bateau remue ! J'ai du mal à écrire
avec ce remue-ménage… Vincent s'étouffe
de rire ! Olivier roucoule tant et plus… puis il vient
m'annoncer : " On fout l'bazar !"
Oui, je m'en étais aperçu…
Mercredi 22
Olivier a barré pendant trois milles et aurait bien voulu
continuer, mais le vent avait un peu forci…
Nous sommes dans les Kornati. Elles nous encore paru étranges,
pierraille, rocaille, lickens, herbe pauvre, moutons blancs
et noirs sur de rares pâtures, aridité, terre sèche,
rouge sous les rocs blancs.
Une sauvage nature entourée d'eau pure, un calme bizarre,
l'eau plate comme un miroir; un oiseau appelle au loin, un mouton
bêle, l'eau caresse la coque. Nous avons allumé
une lampe dans le noir au dessus de l'eau et des quantités
de poissons sont venus glisser, ondoyants, dans le faisceau
lumineux.
Au dessus de nous, la voûte céleste a allumé
toutes ses étoiles, pour éclairer les noires Kornati,
après que le soleil se soit couché en jetant ses
plus beaux rouges sur l'horizon et en éclaboussant la
mer d'une pluie de lucioles dansantes…
Vendredi 24
21 h30 : le bateau s'égoutte, les voiles dégoulinent,
de l'eau partout, l'orage menaçant a fini par éclater,
inondant tout, rinçant le bateau, le barreur et l'équipière
à l'arrivée !
L'étape a été bonne, bon vent arrière
! Les deux bernard-l'ermite, recueillis par les enfants dans
les Kornati, et installés depuis dans une petite boîte
pleine d'eau, ont eu droit à des miettes de pain, qu'ils
ont saisies avec leurs pinces. Ils ne nous ont pas dit si le
menu leur plaisait.
A midi, nous avons été faire un tour sur l'île
de Molat, en attendant que le vent mollisse, et Vincent a trouvé
une belle fleur qu'il va faire sécher dans un livre.
Olivier a fait un petit bouquet en fauchant une fleur par-ci,
une fleur par-là, au bord des clôtures, et ce soir
le bateau a un petit air joyeux avec son bouquet sur la table.
Nous avons vu de la laine de mouton qui séchait sur une
corde attendant d'être filée… C'est en reprenant
la mer, que le déluge s'est abattu sur nous. Tonnerre,
éclairs, rien n'a manqué !
Nous étions rincés. A l'arrivée, nous avons
jeté l'ancre trop tôt et à bout de cordage,
il a fallu remonter le tout… mais le fond remontait lui
aussi, il ne devait pas rester beaucoup d'eau sous la quille…
Et tandis que la pluie redoublait de violence, le cordage s'est
coincé dans le moteur, puis sous le gouvernail, et pour
finir sous la coque… Bon, nous avons recommencé
la manœuvre, et voilà !
Ensuite à l'abri, j'ai fait des crêpes toute la
soirée ! Quel régal ! Mais quel coup de chaleur,
dans le bateau, toutes issues fermées à cause
de la pluie…
Samedi 25
C'est la dernière étape en Yougoslavie, il n'y
a pas de vent et nous avons peu d'essence… Vers midi,
des dauphins nous offrent un ballet… puis disparaissent
dans le lointain.
Mali Losinj… un petit raidillon large d'une quarantaine
de cm qui serpente au milieu des arbustes, une route caillouteuse…
et le voilà notre petit restaurant de l'an dernier…
Gens sympas et bon repas… Mais le retour, de nuit noire,
comme l'an dernier… et pourtant on l'avait bien dit qu'il
fallait une lampe de poche… oui… mais oubliée…
pas facile de retrouver la sente sans une lumière…
Enfin, nous apercevons le chemin sinueux, dont il faut suivre
la trace au milieu de la végétation, puis la baie
avec quatre bateaux au mouillage, nous rentrons à bord.
Des français rencontrés cet après-midi
viennent finir la soirée à bord… rencontre
de voyage, bavardages d'un soir, plaisir d'une croisière
à l'étranger…
Dimanche 26
Midi : nous mettons le cap sur l'Italie. Nous atteindrons Pesaro
lundi 27 à 4 h30 du matin. Au lit, tout le monde…
Du 27.08 au 02.09
Le bateau en remorque, nous partons vers Bolzano… l'Adige…
les Dolomites… petit air frais, ruisseaux qui chantent…
col du Brenner… Nous voilà à plus de 1300
mètres d'altitude. Le baromètre indique 710…
Europa brück, le plus grand pont d'Europe (900 m de long,
190 m de haut, il enjambe une vallée de 650 m de large)…
Innsbrück, le Tyrol, Seefeld, le Voralberg, Rappenloch,
l'Alpenloch, le Liechtenstein, l'Allemagne, Colmar...
Nous avons passé une petite semaine dans ces contrées…
aux cascades ruisselantes, aux maisons typiques… montagnes
aux gorges profondes, aux pentes abruptes… contraste avec
la croisière tout juste finie…
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