côte et iles yougoslaves - 1984



du 26 juillet au 02 septembre

Extraits de mon journal de bord :

En famille avec Vincent (9 ans) et Olivier (presque 5 ans)

Carte Iles Yougoslaves en 1984


Mardi 31 juillet
Traversée de Senigallia (Italie) à Dugi Otok (Yougoslavie) …

Samedi 4 août
A 6 h 20 le matin, la baie est baignée d'une douce lumière orange. Les grillons ont déjà commencé leur concert, le vent s'est tu, et les rides clapotent sur l'eau apportant une sensation de fraîcheur. Le soleil brille mais ne chauffe pas encore. Le paysage a un petit air guilleret pas encore écrasé de chaleur….
Nous partons pour Primosten…

Dimanche 5
En route pour Maslinica (Ile de Solta), Vincent plus blond que jamais, a pris le rythme du petit temps et a passé son après-midi, tandis que je lisais, à démêler les fils de pêche et à ranger les boîtes à hameçons, bouchons…etc. Olivier, lui, soufflait de légères bulles de savon multicolores qui voletaient en un charmant ballet autour de nous.
Ce soir, nous nous sommes baignés, au milieu de ravissants poissons. L'un d'entre eux est venu près d'Olivier qui s'est enfui à toute vitesse vers le bord et a grimpé sur les rochers précipitamment. "Je n'aime pas les gros poissons, explique-t-il, seulement les petits !"
Soirée barbecue avec des spécialités locales, les cevatcici ! Nous avons eu beau souffler et souffleras-tu, avec la pompe à pied, mettre de l'allume-barbecue (3 bâtons pour un foyer de 20 cm de long sur 15 de large) - efficace ce machin ! – déplacer les braises, rallumer le tout à l'essence, souffler encore et encore, faire des étincelles à tel point qu'on aurait cru à un feu d'artifice, couvrir le cockpit de cendre envolée, bref, jeter toutes nos forces dans la bataille, il a bien fallu se rendre à l'évidence, et admettre à 22 h 20, que malgré nos mains noircies par le charbon, notre bonne volonté, les efforts déployés en vain, les cevatcici ne cuiraient pas… enfin pas sur le barbecue ! Nous avions beau humer l'air, à la poursuite d'une hypothétique odeur de graisse en train de cuire, rien ne venait, si ce n'est l'odeur du barbecue du restaurant du port. Alors, nous avons cuit le tout sur le camping gaz, et dix minutes plus tard, nous étions à table !
Après cela, une belle crise de fou rire nous a tous saisi, enfin surtout Vincent et moi… Olivier sérieux comme tout, mangeait une pêche, imperturbable… J'en ris encore !

Lundi 6
J'en ai rêvé cette nuit. J'allumais un barbecue, sur lequel je ne faisais rien cuire…
Calme plat, aujourd'hui ! Les petits matelots se sont baignés trois fois. Vincent maintenant nage assez bien et ose s'éloigner un peu du bateau. Il a découvert le paysage sous-marin avec bonheur. Olivier se débrouille avec son masque mais le tuba va souvent sous l'eau, alors il s'accroche à mon cou. Je lui ai donc redonné sa bouée pour être tranquille…
Nous avons passé la nuit dans une baie entourée de pinèdes, et nous sommes allés faire un tour sur le rivage, le long d'une allée plantée de Yuccas, de cactus énormes et diverses essences méditerranéennes.

Mardi 7
Le temps orageux nous a poursuivi de sa hargne toute la journée. Après le repas de midi pris à 15 heures, nous avons essayé de continuer, mais le vent devenu fou changeait sans cesse de direction, et nous nous sommes réfugiés dans une baie. Dans la soirée, des gens de Bordeaux sont venus s'ancrer près de nous, et les enfants ont joué avec leurs deux petits garçons. Eux aussi vont à Dubrovnik.
A 21 h 45, l'orage qui depuis un moment illuminait le ciel, se déchaîne. Un vent de 28 nœuds arrive accompagné de grosses gouttes d'eau, puis c'est l'avalanche de pluie, de grêle. J'ai tout fermé hermétiquement et pourtant l'eau s'infiltre par les interstices de la porte, il faut installer une serpillière pour boucher la jointure des deux battants de la porte, et tendre des serviettes de bain dessous pour ne pas avoir le lit trempé. Les grêlons s'écrasent sur le pont, et enfermés comme ça, on se croirait dans un tambour, ils frappent de biais, chassés par le vent et courent sur le bateau. Le tonnerre s'est mis de la partie. Nous ne sommes pas prêts de dormir dans ce tintamarre !

Mercredi 8
Journée eau douce : Au réveil, l'annexe en était pleine, la bassine à vaisselle aussi. A midi, encore une averse pour rincer les voiles, puis le beau temps est revenu…
Korcula : Les français, sur leur petit voilier de 5 m 80 (Bernik) nous rejoignent. Nous dînons tous ensemble au restaurant. Une table de quatre adultes et une table de quatre enfants… Ils s'en donnent à cœur joie !…

Jeudi 9
Nous avons quitté Korcula en compagnie de Bernik dont le moteur est en panne.
Après quelques bords, nous les avons perdu de vue. La mer s'était tellement creusée que tirer des bords devenait pénible, j'allai donc affaler le génois et ce ne fut pas une mince affaire que d'étouffer toute cette toile, alors que le bateau bondissait dans des creux de 2 m 50…
Un peu plus tard, le vent forcissant encore, m'obligea à aller affaler la grand voile. Celle-ci s'échappa de la gouttière du mât et vint s'écrouler dans le cockpit avec la bôme car la balancine décrochée de son taquet se balançait en folles arabesques, trois mètres au dessus de nous. Alors le fou rire me prit, tandis que j'essayai du mieux possible de ficeler la grand voile pour éviter qu'elle ne batte; trois nœuds grossiers et je regagnais le cockpit. Sur le pont, génois et grand voile s'agitaient, cherchant à s'envoler, la pluie s'était mise à tomber et les cirés dégoulinaient. Olivier, à l'intérieur, commença de s'équiper de son ciré lui aussi, et entreprit de sortir de la cabine. Comme je le lui interdisais, il me répondit fort justement :
- " Alors, à quoi il me sert mon ciré, si j'peux pas le mouiller ?"
Finalement à 19 h40, nous jetions l'ancre pour la relever aussitôt, car avec la force du vent, nous dérivions quand même. Nous nous sommes donc amarrés à un petit quai… et nous avons avalé des bols de soupe brûlante, car nous n'avions pas chaud…

Samedi 11
Sur la place du marché, j'ai repéré une fontaine. Nous allons laver le linge, entre les étals de fruits et légumes, nous profitons d'une corde à linge placée là, pour égoutter les habits. Ensuite, nous nous lavons les cheveux à l'eau douce. Quel luxe ! Une vendeuse de souvenirs qui se faisait du café, nous apporte ce qui lui reste d'eau chaude pour nous rincer les cheveux…
Nous quittons Slano pour Dubrovnik. Le vent est bon, la mer est plate. Soudain, Olivier laisse échapper son anneau pour faire des bulles de savon, plus communément appelé le "truc à bulles"… Cet objet précieux l'occupe longuement et nous permet d'avoir la paix. Jean-Paul essaie d'abord de le récupérer en annexe tandis que je manœuvre le voilier en attendant. Vincent ne quitte pas le "truc à bulles" des yeux, Olivier décoince le génois qui s'est emmêlé, bref, tout le monde s'y met et le "truc" est sauvé, Jean Paul et l'annexe aussi !…

Dimanche 12
Une nouveauté à bord ! Désormais nous pourrons manger du beurre… Depuis le début des vacances, nous n'en achetions pas, car une heure après c'était de l'huile ! Or les français de Bernik nous ont appris une astuce. On étale le beurre au fond d'une boîte hermétique, on recouvre d'eau, et il ne rancit pas, il reste mou, facile à tartiner. J'ai essayé et ça marche !…
Journée à Dubrovnik, vieille ville… Une moisson de souvenirs… La ville cache des œuvres d'art, des sculptures, de très belles maisons, des palais, les rues polies par les pas des visiteurs brillent comme du marbre.
Nous sommes montés en téléphérique pour découvrir le panorama sur la ville. Beaucoup de vent, mais quelle vue sur toute la région ! Une vraie carte de géographie ! Sur les remparts, nous avons admiré les toits vieillis se détachant sur la mer aux couleurs éclatantes…
Dans la soirée, les quartiers s'animent… Spectacles, musiciens, artistes, équilibristes, prennent possession des quatre coins de la ville…

Lundi 13
Notre guide nautique dit que Kotor, située au fond des bouches de Kotor, est une petite bourgade entourée de remparts. Nous aurions aimer frôler le Montenegro en voilier et le voir se refléter dans l'eau, mais nous n'avons pas assez de temps. Nous décidons donc d'y aller en car. Deux heures et quart de route (90 km), dans un car bondé de gens suants, il fait une chaleur terrible et nous sommes tellement serrés !
Nous apercevons les remparts, il y a de la boue partout, des planches pour franchir cette boue, des tranchées pleines d'eau, un bulldozer, des échafaudages.
-" Espérons, dit Vincent, que c'est mieux plus loin !"
Mais nous continuons de découvrir des trous, de la boue, des madriers, des tuiles, des tas de pierres. Le long des ruelles, les murs fissurés ne tiennent que soutenus par des pieux, les toits sont éventrés, les fenêtres sans carreaux, les volets battants, des façades n'ont plus que des trous en guise de portes et pas de toits. Tout est dévasté, la chaussée, la cathédrale, la belle horloge au mur à demi écroulée…
Que s'est-il passé ? Soudain, nous nous souvenons ! C'est le tremblement de terre qui a eu lieu en Yougoslavie, il y a peu de temps ! Kotor n'est plus que désolation ! Nous errons jusqu'à 18 heures, l'heure du car…
Notre guide nautique datait d'avant le tremblement de terre !

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