Mercredi 26
Un petit détour par Göreme et Uchisar, éclatants
sous le ciel pur, avant de quitter ce décor enchanteur…
Quelques photos de plus sous la belle lumière, qui remplaceront
celles du début, un peu grisailles. Et puis y passer,
y repasser encore… Une provision d'images pour se souvenir
avant de nous diriger vers Aksaray et Ilhara, derniers bastions
de la Cappadoce, et d'atteindre ce soir, Konya.
Entre Nevsehir et Aksaray, le volcan Hasan Dagi aux sommets
de neige éternelle, se dévoile aussi imposant
que l'Erciyes Dagi, situé à l'opposé.
La route est belle, à deux voies, comme toutes celles
que nous avons empruntées jusqu'alors pour joindre une
grande ville à une autre. C'est une bonne surprise que
le réseau routier turc. Comparé aux routes roumaines,
c'est le jour et la nuit ! Nous approchons d'Ilhara. Dans les
villages que nous traversons, presque toutes les maisons sont
équipées de chauffe-eau solaires flambant neufs.
En approchant de la vallée d'Ilhara, nous découvrons
d'abord Belisvima, village blotti au fond de la gorge avec ses
étonnants restaurants posés directement sur la
rivière. Et puis la gorge d'Ilhara, profonde, que nous
contemplons de haut, car les 400 marches pour atteindre le fond
(et autant à remonter ensuite) ne me tentent pas. Quelques
balades au plus près de la gorge nous permettent de la
capturer de haut. Impressionnant dénivelé, canyon
vertigineux par endroits, quand les roches de premier plan permettent
d'en appréhender la dimension en profondeur. Un ruisseau,
des arbustes, de la verdure au pied des parois à pic,
tapissent le fond de la faille que nous quittons peu avant 13
heures pour gagner Güzelyurt, village perdu dans la montagne
entre le volcan et un lac aux eaux émeraude, noyé
dans la verdure.
Voir
les photos de Cappadoce
Déjeuner sous les arbres, sur la place
centrale… Les tables en bois autour de nous, sont occupées
par des hommes turcs qui paressent là, bavardant ou jouant
comme en Grèce et dans d'autres pays méditerranéens.
Point de touristes à part nous et une Asiatique solitaire
dans ce petit restaurant local où on commande tout simplement
ce qu'on veut, sans menu.
"- Que voulez-vous manger, viande en poterie, kebab, salade
?
- Nous aimerions du bœuf grillé !"
Pas de problème, le garçon nous explique qu'il
coupera la viande en morceaux, la grillera et l'accompagnera
de tomates et diverses salades… Ça nous va ! C'est
convivial, ça ressemble à la Grèce des
années 70… C'est authentique !

Dans l'après-midi, nous nous arrêtons
au caravansérail de Sultanhani, le mieux conservé
de Turquie, un beau monument mais qui ne présente pas
un intérêt exceptionnel. Le muezzin entonne alors
sa litanie pluri-quotidienne. Ces caravansérails servaient
autrefois aux voyageurs itinérants, à la fois
pour y dormir, pour nourrir leurs bêtes, réparer
les harnais des attelages, les fers des animaux. Ils étaient
établis tous les 30 à 40 km -soit une journée
de marche- sur l'axe nord-sud et l'axe est-ouest.
Konya… On a un peu cherché l'hôtel
mais pas trop. C'est amusant comme les gens, même les
policiers, s'approchent pour nous renseigner dès qu'ils
nous voient consulter un plan. Etonnamment, ce soir encore,
une double chambre nous a été allouée au
lieu d'une simple comme nous avions réservée.
Un grand lit dans la première chambre et deux lits individuels
dans l'autre. On n'est pas à l'étroit décidément
depuis quatre nuits !
ETAPE : 385 km
Jeudi
27
Le Tekke de Mevlana : Haut lieu du mysticisme musulman, le Tekke,
un ancien couvent de l'ordre des Derviches Tourneurs, est un
des principaux centres de pèlerinage des musulmans, cellules,
fontaine centrale, cuisine occupée par des statues figurant
les Derviches. Au centre, se tient un édifice de toute
beauté, coiffé d'une vaste coupole avec salle
de danse, tapis, corans enluminés, mosquée et
tombeaux sacrés. Sur les murs de superbes dessins peints…
Le cénotaphe de Mevlana repose sous un dôme en
faïence turquoise isolé par une grille en argent,
véritablement magnifique. Sous nos yeux, une femme agite
la tête dans tous les sens, cherchant la transe, et l'ayant
trouvée peut-être, hurle "Allah". L'intérieur
du Tekke est un des plus beaux que nous ayons vu jusqu'à
présent, c'est somptueux !
Vers 11 heures, nous prenons la direction de
Pamukkale à 400 km de distance. Cette fois, ce n'est
plus une route à double-voie, mais ça roule bien
quand même. Très beau paysage de montagne ! Champs
d'épis vert tendre, fleurs jaunes, blanches, violettes,
coquelicots pourpres, lacs vert jade au pied de cimes enneigées,
paysans courbés sur la terre, binant et plantant, sous
d'épais vêtements.
C'est étonnant comme les gens supportent la chaleur.
Tandis que nous, en tee-shirt, avons chaud, eux travaillent
la terre, emmitouflés de pied en cap. De même,
en ville, les femmes sont en très grande majorité
voilées. Habillées de robes longues et épaisses,
un imperméable jusqu'aux pieds boutonné par-dessus,
des collants noirs et pour les plus âgées, parfois
un châle sur l'ensemble.
Beaucoup, même chez les jeunes, se dissimulent sous un
voile intégral noir qui ne découvre que les yeux.
Celles qui ne portent pas le voile sont plutôt habillées
à l'Européenne.

14h20 : Une petite faim se fait sentir, et
au bord du lac Egirdir niché entre des montagnes de toutes
parts, il fait bon se poser un moment. Nous déjeunons
au bout d'une presqu'île, sur une terrasse au bord de
l'eau, et pour choisir notre plat, le garçon nous emmène
dans la cuisine, comme cela nous arrivait couramment en Grèce
en 1972.
Une barque à rames accoste doucement, un couple de vieux
Turcs descend chargé de sacs (on vient de traverser le
marché en voiture), des canards blancs pataugent, l'eau
est plate…
17 heures, Denizli ! Bientôt Pamukkale ! Le ciel est noir,
et le vent soulève des tourbillons de poussière.
Au loin, une grande zone de ciel jaune, c'est tout ce qui reste
de lumière… La pluie s'abat sur nous en trombes,
grise, dense, quelques éclairs zèbrent le ciel
sombre. Des gerbes giclent au passage des voitures… Feux
rouges et blancs se reflètent en traînées
lumineuses dans les flaques, et soudain, devant nous, l'immense
rocher blanc comme enneigé de Pamukkale !!!


ETAPE : 452 km
Vendredi
28
Petit déjeuner solitaire ce matin, dans l'immense salle
de restaurant du C&H. Pourtant hier soir, il y avait foule,
de grands tablées pour les groupes ! On nous a trouvé
difficilement une table pour deux, nous avions beau répéter
que nous étions seuls, les garçons demandaient
"avec quel groupe ?", comme si nous étions
un phénomène !
A 8 heures, ce matin, la salle est vide, tout le monde est parti
aux aurores. Qu'on est bien avec notre liberté ! Le soleil
chaud déjà, évapore toute l'eau qui s'est
déversée hier. Nous entrons sur le site de Pamukkale.
Il faut se déchausser pour conserver la blancheur à
la roche. L'ascension est longue et chaude, ponctuée
de pauses dans les vasques d'eau calcaire, tiède, froide
ou plus chaude selon la profondeur. La température grimpe
dès 10 heure et le blanc étincelant accentue la
réverbération. Drôle d'effet ! On a l'impression
d'entrer dans un champ de neige, mais sans le froid ! La pierre
est douce sous les pieds, sauf aux endroits où elle s'est
cassée en petits cailloux qu'il faut aborder avec précaution,
du bout des pieds nus. Arrivé tout en haut, se découvre
la cité de Hiérapolis.
Plaisir de la descente qui propose le paysage à l'envers
et sous une lumière différente. Le ciel céruléen
teinte les piscines naturelles d'azur. La pierre calcaire scintille,
les ombres s'effacent, le relief s'estompe. Il est midi. Nous
partons par une belle route à voies séparées,
pour Kusadasi, sur la mer Egée. La plupart des villages
traversés exposent une forêt de chauffe-eau solaires
et de paraboles pour la télé. Impressionnant !

14 heures : Sultanhisar, bourgade de l'arrière-pays,
jour de marché, des camionnettes chargées de caisses
de fraises et de gens traversent la ville, laissant dans leur
sillage des senteurs sucrées et chaudes. Nous déjeunons
dans un restaurant typiquement local, d'un plat unique et d'une
salade comme tous les midis. Aujourd'hui, 20 livres turques
pour nous deux (10 euros), c'est exceptionnellement peu cher
!
Kusadasi : Tout ce que je n'aime pas, des
immeubles, des hôtels alignés le long de la plage,
aucun charme, un grand boulevard qui longe la mer. Ce n'est
pas la station balnéaire qui nous attirés à
Kusadasi, mais la proximité du site archéologique
d'Ephèse. Avec la voiture, nous descendons un peu au
sud de Kusadasi, espérant longer la mer, mais que c'est
moche ! Collines couvertes de lotissements d'immeubles et de
maisons en location, toutes semblables, alignées en quadrillage
au dessus de la mer et le pire, des tas d'autres en construction
partout ! Littoral défiguré par ces bâtisses
affreuses… Tourisme à outrance !
Quel saccage ! De retour à Kusadasi, à défaut
de mieux, nous parcourons les rues piétonnes, le bazar
oriental et trouvons au fil de nos déambulations, quelques
cadeaux pour nos trois petits enfants.

Dîner dehors… C'est bien agréable
! De retour dans la chambre, il fait chaud. Pour une fois qu'on
a une clim qui fonctionne bien (c'est la première fois),
elle fait un bruit d'enfer ! Jean Paul va l'ausculter de plus
près et à l'aide de scotch, il rattache le capot
qui vibrait. Impeccable !
ETAPE : 283 km
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