Dimanche 28 octobre
Comme tous les jours, grand soleil agréable quand à 9 heures, nous montons dans la voiture pour gagner Mysore à 150 kilomètres de là, soient trois heures de route environ.
Mysore évoque pour nous le magnifique palais du Sultan que nous avons pris soin de programmer le dimanche car c'est le jour où il s'illumine de millions de petites lampes.
Nous traversons des villages aux maisons très colorées, vert vif, rose, orange, jaune citron et autour les champs de riz aux verts si éclatants. Je ne connais rien de plus vert qu'un champ de riz et rien qui ne suggère davantage l'Asie.
Comme nous ne voyons pas de gens dormir dans les rues, je pose la question à Rajan qui m'explique que le sud de l'Inde est riche, beaucoup de riz car beaucoup d'eau et de soleil, noix de coco et toutes sortes de fruits, tandis qu'au nord, il n'y a que du blé.
En Inde du Sud, l'éducation est plus développée et tout le monde a une maison, il n'y a pas comme dans le nord, des hordes de gens dans la rue.

Saris

En effet, depuis notre arrivée, nous constatons que les gens sont habillés correctement, les femmes avec de jolis saris aux couleurs vives et les maisons à la campagne, quoique modestes, sont souvent peintes et décorées. Entre Hassan et Mysore, les paysages, idylliques, s'habillent de riz, palmiers et plans d'eau...
Aujourd'hui, nous avons noté un record... Du jamais vu même au Cambodge et au Vietnam : une moto chargée de deux adultes et trois enfants. Sans casques ! Comme tous les autres !
Dans cette région de l'Inde, les camions sont en bien meilleur état que dans le nord, mais la conduite quiqu'un peu moins acrobatique, reste très pittoresque.
Nous déposons nos valises à l'hôtel où pour la première fois, nous rencontrons des Européens, et nous allons déjeuner de chapatis dans un restaurant local, juste avec du beurre, tout le reste étant trop épicé, mais de toutes façons, nous n'avons pas faim le midi. Après quoi, nous montons sur la colline de Chamundi, une des plus hautes montagnes sacrées du sud de l'Inde (1100 m), au sommet de laquelle se dresse le temple de Chamundeshvari dédié à Parvathi la femme de Shiva. Un mariage étant célébré à la salle des mariages de Chamundi Hill, une foule colorée et compacte avance lentement en faisant la queue pour entrer dans la salle, en effet lors d'un mariage, n'importe qui peut venir se restaurer gratuitement.
Plus loin une autre file de gens (deux heures d'attente au moins), s'est formée devant un des temples gratuits de la colline. Nous allons visiter l'autre, payant et moins fréquenté, mais très intéressant aussi. Autour des temples, des singes courent en tous sens et les visiteurs ont sorti leurs plus beaux habits pour la fête.
Nous quittons la colline et nous arrêtons quelques minutes au pied d'un Nandi couché monolithique de cinq mètres de haut et sept de long avant de nous rendre à l'Ambas Vilas Palace, le palais de Mysore. Splendide ! Mais quelle foule et quel bruit !
Ce palais abrite des oeuvres d'art venues des quatre coins du monde dans de magnifiques salles soutenues par des colonnades et des arcs. Au-dessus des tourelles se dressent des dômes en or. Les plus belles pièces, "Private Durbar Hall" et " Public Hall", sont toutes deux somptueuses, la première possède une verrière multicolore soutenue par des colonnes en fer forgé et des arches, la seconde est décorée d'or et de turquoise, tous les plafonds superbement peints rivalisent de décorations. Dans une salle, se tient le trône en bois de figuier couvert d'ivoire plaqué d'or et d'argent.
Après cette visite fatigante, mais passionnante, nous allons nous promener dans le marché local, profusion de légumes et fruits joliment arrangés dans de grandes corbeilles rondes, abondance de fleurs pour tresser de longs colliers fleuris, couleurs, odeurs, celle du jasmin plus particulièrement insistante... très jolie promenade !
Le soir venu, nous assistons à l'embrasement du palais de Mysore qui s'illumine d'une myriade de lumières, un spectacle féerique sur fond de nuit noire. D'abord l'enceinte magnifiquement embrasée, puis en arrière-plan et se découvrant au fur et à mesure de l'approche, le palais lui-même brillant de milliers de lampes ! Vraiment très beau !

Lundi 29 octobre
En route vers Kabini, en pleine nature, pour deux safaris dans le parc national. Nous traversons une région qui n'est que verdure, beaucoup d'arbres fleuris également, cultures de bananiers, riz, tomates, vergers, banians aux racines aériennes touchant presque le sol... Villages encombrés, charrettes tirées par des boeufs ou des tracteurs, demeures vivement colorées devant lesquelles des vaches broutent l'herbe qui vient lécher le pas de porte des maisons remplaçant l'éternelle poussière rouge qu'on voit ailleurs. On devine la présence de l'eau dans les champs, dans les rizières mais aussi sous forme d'étangs ici ou là. La mousson dans cette région du sud-ouest a eu lieu de juin à septembre, d'où cette verdure omniprésente. (Sur la côte est du continent, elle sévit actuellement.) Nous nous arrêtons dans un champ de coton et capturons des images de fleurs - roses quand elles sont fermées, jaunes à l'épanouissement - et de coques renfermant les touffes de coton.

A quelques kilomètres d'ici, se termine l'état du Karnataka où nous nous trouvions jusqu'à présent, et commence le Kerala, encore plus beau dit Rajan, pour sa végétation abondante et ses grandes villas. Pour l'instant, nous empruntons une piste défoncée pour atteindre le Kabini Lodge à travers des champs de canne à sucre, que des hommes coupent et amoncellent dans une charrette et au milieu des cultures de piments rouges (verts quand ils sont jeunes). Des libellules volettent un peu partout. Même au plus profond de la campagne, les enfants sont bien habillés, ce qui contraste terriblement avec les petits en haillons de l'Inde du nord.
Nous nous installons au Saraï Lodge de Kabini, grands jardins et une terrasse plein-pied qui donne sur le jardin et le plan d'eau. Endroit très sympathique !
Peu après, nous partons à quatre couples en bateau, pour un safari sur l'eau. Nous apercevons de loin (trop loin), des éléphants, gazelles, gaurs et de nombreux oiseaux. Mais nous sommes vraiment trop éloignés de la berge pour que ce soit passionnant. Au retour nous prenons un "Coffe or Tea", tous ensemble, c'est à dire un couple Suisse de Genève, un couple Anglais de Brighton, un autre Néo-Zélandais et nous. Après quoi, nous visionnons un film sur la vie sauvage et dînons en compagnie des Genevois. Joyeux bavardages et évocation de voyages. Eux arrivent du Darjiland, Sikkim et Bouthan.

Mardi 30 octobre
Nous partons en safari au lever du jour, avec les mêmes gens qu'hier. Première rencontre, un troupeau de chitas (antilopes tachetées), et puis des traces de tigre sur le sol, des aigles, des oiseaux de toutes sortes, des paons, des sangliers, des singes, des éléphants et deux mâles chitas luttant bois contre bois...
Nous quittons le parc sans avoir vu de tigres et regagnons Kabini.
C'est étonnant de voir par ici, des maisons couvertes de tuiles. Sur certains toits très bas, sèchent des piments rouges.
Après le breakfast, nous quittons le lodge, en direction de Calicut, il est 10 h 45. Peu après nous entrons dans l'état du Kerala dont la langue est différente de celle du Karnataka. Pour nous cela ne change rien ! Mais il faut noter que chaque état de l'Inde a sa propre langue, la langue nationale étant l'Hindi.
C'est encore une symphonie de verdure, nous traversons une nature magnifique, des verts à l'infini et des fleurs dans les villages. Il nous faut franchir la montagne pour ensuite redescendre vers l'Océan Indien.
Dans le Kerala, 100% des gens ont reçu une éducation scolaire (Dans le nord de l'Inde la proportion est de 50 %). Un cinquième des jeunes sont partis travailler dans le Golfe Persique, en Allemagne, aux USA... et envoient de l'argent aux parents restés là. C'est pourquoi on voit partout de très belles maisons impeccablement entretenues. Le pays est propre, toutes les terres sont cultivées alors qu'au Karnataka certains sols étaient en friche. Les plus belles églises sont dans le Kerala, même les camions sont en bon état et peints de couleurs gaies.
Cocotiers, bananiers, caféiers Robustas (qu'on distingue des Arabicas, par leur plus haute taille) et arbres d'essences multiples, s'entremêlent sur le flanc de la montagne et la route en lacets se faufile au milieu de ce fouillis de verdure. A 70 kilomètres de Calicut, la montagne se couvre de plantations de thé, tandis que les bords de route foisonnent d'une végétation dense et colorée. Puis nous franchissons le col, des singes s'ébattent dans les arbres et la descente sinueuse s'amorce, neuf épingles à cheveux très serrées sur treize kilomètres. Certains poids lourds ne franchissent pas les virages en une fois, ils doivent manoeuvrer en pleine courbe. Les singes courent ici ou là au bord de la route. Plus nous descendons, plus la température monte hors de la voiture (31°).

Virages

Et voilà la mer d'Oman (mer d'Arabie) qui borde la côte ouest de l'Inde et qui rejoindra au sud de l'Inde, le Golfe du Bengale et l'Océan Indien.
Notre hôtel, un petit lodge, se trouve à Kappad, au nord de Calicut et la terrasse donne sur la mer et sur une belle plage de sable orange.

Mercredi 31 octobre

La visite du port de pêche de Calicut marque le point de départ de notre journée. Une rangée de chalutiers vétustes occupent le quai. Alors que certaines caisses de poissons fraîchement débarquées promettent une assiette appétissante, d'autres qui ont sans doute attendu plus longtemps présentent des poissons de friture mous et flasques. Pas engageants du tout ! Les poissons tombés au sol y restent et y pourrissent, ce qui laisse deviner l'odeur qui règne ici, sans compter les milliers d'asticots qui prennent possession des cadavres abandonnés.
Les arrêts suivants sont inintéressants... une cathédrale et une mosquée tout à fait quelconques... Calicut est vraiment très sale, la plage, les trottoirs, tout est jonché d'ordures.
A dix kilomètres au sud de la ville, nous entrons dans le chantier naval artisanal de Baypore où sont construits de grands bateaux en teck d'une cinquantaine de mètres. Toutes les planches sont sciées à la main à l'aide d'une longue scie dont un homme tient la poignée et un autre la lame. Il faut deux ans pour construire un tel bateau.
Nous prenons ensuite la direction de Cochin, à 200 kilomètres de distance, ce qui laisse présager 5 à 6 heures de route. Il fait chaud et il pleuviotte. Rajan nous explique qu'il y a actuellement un cyclone dans le Golfe du Bengale, près de Pondichéry, qui se dirige vers la Chine. Cette pluie en est un des effets lointains.
A 16 h 30, nous arrivons à l'hôtel Travancore à Cochin.

Jeudi 1er novembre
Grosses pluies cette nuit dues au cyclone qui stagne sur la côte est. A 8 h 15, nous partons pour Periyar par la route de Kottayam. Il pleut encore par intermittence. Nous nous arrêtons pour voir les hévéas dont le tronc saigne un liquide blanc qui est récupéré dans de petites coupelles et donnera le caoutchouc. Ces plantations s'étirent sur des kilomètres le long de la route, en alternance avec des champs d'ananas.

Caoutchouc

Sur Kottayam, il pleut franchement des cordes. L'eau dégorge de partout.
En campagne la circulation est déjà épique, surtout en ce qui concerne les dépassements, mais en ville c'est le summum du capharnaüm ! Aucune règle ! De droite, de gauche, des véhicules surgissent essayant de passer en force, un bus roule de front avec nous, bloquant la circulation en sens inverse puisqu'il n'y a que deux voies. Peu importe, il veut passer. Comme il n'y arrive pas, il se range et recommence aussitôt, cette fois face à un tuk-tuk. Forcément, c'est lui qui a le dernier mot ! En fin de compte, chacun double comme il en a envie, sur route comme en ville, quitte à paralyser la circulation ou à se glisser de justesse entre les deux files de circulation qui avancent en sens inverse. Les lignes blanches (rares mais à quoi bon) sont absolument ignorées. Chacun fait à son gré ! Il n'y a que l'autoroute qui soit limitée (à 70 km/h à Cochin et à 80 à Bangalore) et surveillée par des caméras.
Ailleurs, règne la loi du plus fort, du plus gros, du plus culotté !
A Pampedy, des centaines de lycéens défilent en deux colonnes , filles et garçons séparés. Un éléphant se balade au milieu de l'embouteillage.
Nous franchissons la montagne en début d'après-midi, brouillard et pluie en altitude, il ne reste que 19° dehors !
Tout en haut, la montagne vallonnée s'habille de théiers. Encapuchonnées, les cueilleuses accomplissent leur besogne sous la pluie. A ces kilomètres de plantations de thé, font suite les jardins d'épices de "Green Land".
Arrivés à Periyar, nous montons sur un bateau pour un soi-disant safari sur l'eau ! Bateau bondé... Seuls les gens assis au bord pourraient espérer voir quelque chose... s'il y avait quelque chose à voir ! Trois gaurs, deux sangliers et trois loutres... En 90 minutes, le tour est bouclé ! Attrape-touriste, à fuir absolument ! Et pour couronner le tout, chacun est engoncé dans un gilet de sauvetage énorme et obligatoire, dans lequel on peut à peine tourner la tête, quant à prendre une photo assis, impossible ! Reste à se lever et boucher la vue de tout le monde. Les bateaux-boîtes à sardines se suivent à la queue leu leu sur le plan d'eau !
La balade (ennuyeuse) finie, nous allons acheter quelques bricoles pour les petits... Il faut en profiter, c'est le premier endroit où on trouve des boutiques de petits cadeaux. Comme quoi, c'est bien un piège à touristes, ce safari sur l'eau, dans une réserve pompeusement intitulée "Réserve de tigres". Nous en avons vu un seul, sous forme de statue à l'entrée du parc.

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