Après cette chaude matinée, l'ombre
de la terrasse couverte du restaurant est bienfaitrice, avec
un petit courant d'air en prime ! Nous essayons les brochettes
de poulet à la sauce aux noisettes, présentées
sur une feuille de bananier, et accompagnées d'oignons,
concombres et boulettes de riz aux noisettes, découpées
comme des rondelles de banane. Si les goûts et textures
des aliments étonnent de prime abord, ils n'en sont pas
moins savoureux. Et ce plat légèrement épicé
se laisse déguster.
En sortant, la chaleur nous assomme. Pas un nuage pour atténuer
l'ardeur du soleil de midi. Toute l'eau bue s'évapore
en un instant. Nous marchons vite pour retrouver la fraîcheur
de la chambre jusqu'à 15 heures, heure à laquelle
le guide nous emmène pour découvrir Ta Som, invraisemblable
fouillis de pierres retrouvées par les chercheurs et
posées un peu partout dans l'enceinte de ce temple perdu
au milieu de la forêt. On y entre à un bout par
une porte à quatre visages, et on en ressort à
l'autre extrémité par une autre porte mangée
par un fromager. Des coqs en liberté courent partout.
Tout à l'heure, une grosse pluie s'est déversée
sur la voiture mais la terre sableuse d'Angkor a déjà
tout bu. Peu après, nous arrivons à Neak Pean
(le serpent enroulé), un petit temple construit au milieu
d'un bassin à la base duquel s'enroule un serpent de
pierre.
Neak Pean
Le bassin central est alimenté par l'eau jaillissant
du nombril du Bouddha. Un système de quatre gargouilles
(têtes d'homme, de lion, d'éléphant,
de cheval) permet l'écoulement de l'eau en surplus
vers quatre bassins inférieurs, qui correspondent
à quatre fleuves indiens : le Gange, l'Indus, La
Yamunâ et le Brahmapoutre ou encore aux quatre éléments
: l'eau, la terre, le feu et l'air. |
La journée se termine à Preah Khan (1191), où
nous sommes suivies par deux fillettes de 6 ou 7 ans comme il
y en a partout, qui comptent en chantant, en français,
en anglais leurs dix bracelets, pour un dollar. Elles finissent
par se disputer et se battre... Concurrence déloyale
?
Un chemin forestier nous mène au pied d'un temple en
forme de croix, avec quatre très longues galeries partant
du centre où trône un mini-stupa. Chaque branche
de la croix est dédiée à un personnage
différent. Des blocs de pierre sont stockés un
peu partout, en attendant de servir un jour pour la restauration.
Plan du temple

Ce temple dédié à son père par
le roi est bâti sur le même plan que Ta Prohm qu'il
avait consacré à sa mère. A l'entrée
du chemin, on remarque tout de suite cette pancarte :

C'est plutôt rassurant, le site a été
entièrement déminé ! Mais de 1979 à
1991, les mines posées par les Vietnamiens autour des
villages et par les Kmers rouges dans les étangs dissuadaient
les touristes de s'aventurer dans ces contrées.
Les premiers visiteurs qui vinrent au Cambodge furent les français
à partir de 1991, après la conférence de
Paris.
Ce soir, au Rom Dual, nous goûtons au porc à l'ananas
chaud avec... du riz !
mardi 25
Nous partons à travers la campagne, harmonie de rizières,
de palmiers à sucre et de villages sur pilotis jusqu'au
temple méconnu de Beng Mealea. Nous quittons Siem Reap
par une petite rue au bord de laquelle s'alignent de nombreux
marchands qui ont posé sur le sol des centaines de paires
de chaussures, presque toutes noires. Nous nous sommes habitués
à l'environnement, un vélo chargé de dizaines
de paniers, une mobylette transportant une ribambelle de volailles
ne nous étonnent plus. Celles-ci sont attachées
par les pattes sur une espèce de manche à balai,
lui-même fixé sur le porte-bagages, ça dépasse
d'un mètre de part et d'autre, mais peu importe. Ce cyclomotoriste
a attaché un gros sac de cinquante kilos à l'arrière
de sa mobylette et il en a installé un deuxième
sur la fourche, plus quelques bricoles... Celui-là, en
plus de sa femme assise derrière avec un bébé
qu'elle tient debout sur ses genoux, transporte une valisette
(on dirait un ordinateur portable) et diverses autres choses
encore. Et lui, avec son sac de croûtes de pain entre
les jambes, lui avec un coffre en métal d'un mètre
de long, surmonté de quelques caisses, le tout attaché
sur le porte-bagages, lui avec sa chaise en plastique posée
sur sa boutique ambulante. Ces petites boutiques où on
peut acheter à manger dans la rue, sont fixées
sur une moto à la manière d'un side-car. Nous
les dépassons allègrement en voiture et c'est
un spectacle de tous les instants. Un camion passe, le plateau
couvert de passagers et le toit de la cabine aussi. Ils sont
là-haut, serrés comme des sardines dans une boîte.
Le temple de Beng Meala (12ème siècle), autre
temple d'essai avant Angkor Vat, est méconnu, rien d'étonnant
à ça, il est écroulé de partout.
Impressionnant amas de pierres moussues dans le calme de la
forêt seulement troublée par le cri des oiseaux.
Il paraît que de nombreux serpents se cachent dans les
trous des pierres. Charmant endroit ! Des ruines, des serpents,
des mines (enfin, plus maintenant !) Le guide ajoute qu'il a
aussi des tigres, des boeufs sauvages et des éléphants
dans les environs. Le film de Jean Jacques Annaud, "les
deux frères" a été tourné ici
pendant deux semaines. Le tigre a été lâché
par hélico dans l'enceinte du temple et les passerelles
en bois que nous utilisons aujourd'hui, ont été
construites pour les caméras. Ta Prohm, qui a également
servi pour le tournage du film, est resté fermé
pendant trois mois.
Après la visite, nous roulons sur une route rouge pendant
des kilomètres, puis nous déjeunons au pied du
Bantei Srei, la citadelle des femmes. Ce tout petit temple (967),
très ouvragé, remarquable pour la finesse du travail
est une véritable dentelle de pierre. L'ensemble est
en grès rose du pays, c'est un grès rare.
La citadelle des paysans (Bantei Somrè) qui vient après
n'a rien de bien différent des autres, on ne s'y attarde
pas. De retour à l'hôtel à 15 heures, nous
n'avons pas envie de rester inactifs tout l'après-midi,
nous ressortons donc tous les deux, munis d'un plan et d'une
plaquette de l'hôtel (pour le retour) et nous voilà
à héler une moto-remorque garée devant
l'hôtel. Un petit tour au vieux marché dans le
centre de Siem Reap, retour à l'hôtel, dîner
au restaurant khmer, curry pour nous deux, c'est la dernière
soirée ici...
mercredi 26
Après quelques photos de maisons pieds dans l'eau au
bord de la rivière, et la visite rapide du temple Prasat
Einkosei dans la ville même, nous nous rendons au cimetière
de stupas. Chaque monument accueille les cendres de toute une
famille. Les stupas des riches sont plus beaux que ceux des
pauvres et beaucoup plus grands. A l'ombre des frangipaniers,
au milieu du cimetière, se tient la pagode de Vat Bo,
la plus ancienne de la ville. Dans une chapelle le corps du
chef des bonzes repose dans un cercueil depuis déjà
un an, il attend que les fonds nécessaires à sa
crémation soient réunis. Un petit bonze de dix
ans pose avec le sourire. C'est un orphelin ou un enfant de
famille très pauvre recueilli par les bonzes.


Nous nous rendons au centre de Siem Reap, à
l'atelier des "Artisans d'Angkor", un endroit frais
et ombragé. Là, 2000 jeunes de 18 à 25
ans, peu scolarisés, venus de la campagne ou orphelins,
apprennent un métier manuel. Après leur formation,
la moitié d'entre eux travailleront dans le village des
artisans où se vendent les produits. Les autres, ceux
qui ont appris la maçonnerie, la charpente... devront
trouver un travail au dehors, ce qui n'est pas facile.

Artisans d'Angkor :
L'atelier de sculpture sur grès rose:
Les pièces sont taillées à l'aide
de gabarits et divers outils. Puis elles sont laquées
en noir, patinées et teintées avec des pigments
naturels.
L'atelier de sculpture sur bois :
Les jeunes, après six mois de formation, sont de
véritables artistes, on les voit tailler, sculpter,
fignoler les détails avec précision.
L'atelier de polychrome sur bois :
L'hévéa étant sculpté, on
passe sept couches de blanc mélangé à
de la colle, puis trois couches de pigment mat, ensuite
on colle à la résine, de la feuille de cuivre
qui est poncée pour en réduire l'excédent.
L'atelier de peinture sur soie :
Il est mené par de jeunes sourdes-muettes. La soie
est tendue sur des cadres, encollée pour être
rigidifiée. Un motif est alors décalqué,
puis peint.
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