dimanche
23
Debout à 5 heures pour aller voir le soleil se lever
sur la piscine du roi, vaste bassin à quelques kilomètres
de la ville ! Le ciel s'est coloré d'orange, de bleu
lavé, de jaune, mais le soleil caché derrière
une écharpe de nuages sur l'horizon ne s'est jamais montré.
Rentrés à l'hôtel, nous prenons notre petit
déjeuner avant de repartir pour le Ta Prohm à
8 heures.
Ce site est très particulier, il a retenu mon attention
depuis que j'ai eu le programme dans les mains. En effet, il
est complètement envahi par la végétation.
Construit en 1186, ce temple d'enseignement a été
peu à peu étouffé par les fromagers qui
se sont glissés dans la moindre faille. Au départ,
les oiseaux déposent les graines dans le creux des pierres,
l'arbre grandit, éclate les murs et mange tout. Alors
que les premiers conservateurs ont défriché les
autres sites, celui-là a été laissé
tel quel afin de témoigner de l'état des temples
au moment de leur découverte.
La terrasse destinée aux spectacles est envahie par les
racines d'un immense fromager qui enserre la pierre dans ses
tentacules. Ce site est impressionnant. Nous sommes sous les
grands arbres, il fait doux, les oiseaux chantent, les touristes
piaillent, mais quand on s'enfonce vers les temples plus éloignés
dans la forêt, au milieu des bassins couverts de lentilles
d'eau, on ne les entend plus. Les Chinois et les Coréens,
dit le guide, il faut les laisser passer, ils sont pressés...
Nous, on a le temps de flâner dans ces vieilles pierres,
de s'en imprégner, de les photographier et moi, d'écrire
mes impressions. Ta Prohm, une vraiment belle balade entre pierres
et fromagers...
Les autres temples de la matinée, semblent
un peu fades après celui de Ta Prohm, le Takeo d'abord,
aux structures délicates puis le Thommanon et le Chau
Say Tevodo, deux temples construits afin de recruter les meilleurs
sculpteurs et dessinateurs pour la construction d'Angkor Vat...
le brouillon avant le chef d'oeuvre en quelque sorte.
Ces temples sont actuellement restaurés par les chinois.
Ceux-ci mélangent les pierres modernes aux anciennes.
Quand les français restaurent, ils respectent les époques,
si une pierre manque, ils laissent tel quel. Mais les chinois
complètent ce qui manque. On voit donc côte à
côte des motifs en pierre blanche et des anciens motifs
en pierre vieillie, ce qui n'est pas très beau.
Il fait chaud, 37 à 38°. La nuit,
la température ne descend pas au dessous de 28 ou 30°.
Mais estimons-nous heureux, il paraît qu'en avril il fait
42°. Par contre pendant la saison des pluies de juin à
octobre, la température se maintient entre 20 et 27°.
Nous déjeunons au restaurant khmer où nous avons
pris nos habitudes. J'expérimente un nouveau plat de
boeuf bouilli en sauce avec légumes croquants, je ne
reconnais que les carottes et le riz à côté,
qui remplace le pain de chez nous. C'est excellent ! De jour
en jour, nous apprécions mieux la nourriture d'ici, nous
nous habituons et cela nous semble agréable.
A 15 heures, après la pause-lecture à l'hôtel,
nous voilà embarqués sur une moto-remorque, véhicule
apparenté au tuk-tuk indien ou sri lankais, avec quelques
différences cependant. Le tuk-tuk, en effet, est un véhicule
à trois roues d'un seul tenant avec un guidon de mobylette
dans l'habitacle, alors que là, nous sommes dans une
carriole à deux roues attelée à une véritable
petite moto.

Tuk-tuk au Sri
Lanka.

Moto à remorque
au Cambodge.
Nous filons dans l'air chaud à 35 ou
40 km/h et c'est très agréable. Nous descendons
à la porte d'Angkor Thom ("Angkor" signifie
"ville" et "Thom" veut dire "grand")
à laquelle on accède par une allée bordée
de 54 mauvais génies à droite et 54 bons à
gauche qui soutiennent tous la queue des nâgas. Le temple
du Bayon se dessine sur un superbe ciel bleu. Il est bâti
au centre d'Angkor Thom et comporte 54 tours avec chacune quatre
énormes visages qui au 13ème siècle étaient
tous recouverts d'or. Ces 216 visages sont tous différents.
Les nombres :
Deux rangées de 54 génies, cela en fait
108 comme le nombre de grains du rosaire des bonzes.
54 c'est aussi le nombre de provinces que contenait le
Cambodge au 13ème siècle. Maintenant, il
n'en reste plus que 24.
4 visages sur chaque tour, ce sont les quatre points cardinaux.
Mais le 4 représente aussi les 4 qualités
suivantes : bonté d'âme, sympathie, compassion
et égalité. |
L'escalade de l'escalier du Bayon sous le soleil
de plomb se révèle "chaude". Nous perdons
autant d'eau que nous en buvons car les marches sont d'une hauteur
incroyable, mais nous avons la chance d'avoir un beau ciel bleu
et des couleurs sur les pierres alors que, dit le guide, jusque
là tout était gris, ciel et visages. Cet endroit
a beaucoup de charme. Il restera avec le Ta Prohm un de mes
préférés. Mais nous n'avons pas encore
vu Angkor Vat...
Nous quittons le Bayon en passant sous les arbres. Des bruits
stridents nous accompagnent, ce sont des cigales, je n'ai jamais
rien entendu de tel, on croirait une alarme de voiture. Promenade
tranquille le long de la terrasse des éléphants,
puis de la terrasse des lépreux, à l'ombre, ouf
!
En 1966, Charles de Gaulle est venu en ce lieu, ce fut une grande
fête, déjeuner et dîner sur la terrasse des
éléphants, en plein air et le soir les bonzes
avaient défilé avec les flambeaux jusqu'aux hôtels.
Après la visite du temple de Phimienakas,
premier des temples construits à Angkor Thom au 11ème
siècle, isolé sous les arbres près de grands
bassins où se baignaient rois et ministres, nous retrouvons
notre moto-remorque, de l'eau froide et des serviettes rafraîchissantes,
ce n'est pas du luxe ! Le retour dans le vent tiède finit
de nous sécher. C'est sympa de rouler ainsi au milieu
des autres deux roues qu'on dépasse allègrement.
Normal, à quatre ou cinq sur une moto, avec des bébés
et des enfants en bas âge, ils ne roulent pas vite.
Ce soir à notre restaurant maintenant habituel, le "Rom
Duol", nous goûtons un boeuf aux oignons, un peu
poivré, mais bon quand même. Et comme tous les
soirs, de retour dans la chambre vers 20 heures nous préparons
notre Cappuccino. Vive la bouilloire !
lundi 24
Nous entrons dans Angkor Vat, le"saint des saints".

Des singes courent partout dans le site. Le
soleil est brûlant. Je vais essayer de rendre en quelques
lignes l'ambiance de ce haut lieu mais il est impossible de
tout décrire, et puis ces détails qui ont de l'intérêt
au moment de la visite, perdent leur sens quand on les relit
hors contexte. Les histoires attachées aux sculptures
font partie de l'atmosphère. Pour la rendre, il faudrait
un livre. Nous en avons acheté un, d'ailleurs, qui s'ajoutera
à notre collection de livres
de voyages.
Angkor Vat :
"Angkor", c'est la ville comme je l'ai déjà
dit et "Vat" c'est le monastère.
Le site recouvre 200 hectares. Il ne fallut pas moins
d'un million d'ouvriers et d'esclaves, 8000 dessinateurs
et sculpteurs, 6000 médecins pour la réalisation
de ce chef d'oeuvre (1113 - 1152).
Cinq portes permettent d'y accéder, une porte centrale
pour l'usage du roi, deux pour les ministres et les deux
dernières aux extrémités réservées
aux femmes.
Ce temple qui comporte cinq tours est orienté à
l'ouest, contrairement à tous les autres.
A l'intérieur, de nombreux bas-reliefs retraçant
l'histoire de l'époque et la mythologie, courent
sur les murs de la galerie de la première enceinte.
Ici, on reconnaît les jeunes filles au fait que
leur nombril est une fleur de lotus. Nous n'avons pas
vu ça dans les autres lieux.
En pénétrant plus loin dans le temple, on
atteint la deuxième enceinte qui ne possède
pas de bas-reliefs, c'est un lieu de prière. A
l'origine, elle devait contenir des statues de Bouddha.
Sur cette plate-forme, on compte 11 escaliers à
70° et un douzième à 40° qui était
réservé au roi. Tous mènent au coeur
du temple. Aux quatre coins de la terrasse, se dressent
quatre tours, la cinquième au centre domine l'ensemble.
L'accès à la troisième enceinte est
interdit. |
Voir le temple
d'Angkor sur 100 Détours M@G
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