Rapide déjeuner au restaurant, il est
déjà 14 h 30 et nous repartons pour sillonner
les chemins du parc immense (350 km du nord au sud - 65 km d'est
en ouest). Ce sont des vacances "bourlingueurs" que
nous avons organisées, une nuit par hôtel avec
des jonctions de 250 km minimum, cela implique de se lever tôt,
rouler le matin et visiter l'après-midi. Le rythme est
enlevé, mais c'est vivifiant ! Demain, nous serons dans
la réserve toute la journée puisque nous avons
retenu un hôtel pour le soir à une autre porte
du parc. La pluie a enfin complètement cessé,
le temps est doux, nous roulons lentement.

Sur le bord de la route, des gazelles se promènent
tandis que dans les arbres, de nombreux oiseaux au plumage chatoyant,
bavardent, pépient, sifflent. Quelques échassiers
pataugent dans la rivière, des éléphants
arrachent les feuilles des arbres avec leur trompe, un éléphanteau
se cache sous sa mère. Deux aigles nous offrent, des
envols majestueux, mais leur démarrage est si rapide
et leur mouvement si ample qu'ils sortent aussitôt du
champ du zoom ouvert au maximum (400), des antilopes bondissent
dans les grandes herbes, deux hyènes repues sont allongées
au bord de la chaussée, l'une d'elle dort, l'autre termine
son repas. Au même instant, nous apercevons une mangouste
à quelques pas de la voiture et un rhinocéros
au loin. Quelques centaines de mètres plus tard, sur
le chemin de terre que nous venons d'emprunter, un gnou trotte
devant nous, un bébé zèbre caracole sous
nos yeux extasiés et sous la surveillance de la petite
troupe d'adultes occupée à brouter tranquillement
sous les arbustes. Et puis voici d'autres éléphants,
que nous repérons grâce aux excréments sur
la piste. La journée s'avance, nous tombons sur un couple
de girafes que nous allons suivre pendant une bonne demi-heure.
Elles avancent à peine, collées l'une à
l'autre, la tête de l'une caressant le cou de l'autre,
un long ballet d'amour dans le crépuscule. D'approche
en approche le mâle essaie de monter la femelle consentante,
les deux longs cous se croisent, se réunissent, les bouches
se rejoignent pour manger délicatement la même
feuille comme en un long baiser sur le ciel pur. Nous sommes
immobiles à trois mètres d'elles, osant à
peine bouger de crainte qu'elles ne s'éloignent. Hélas,
il nous faut partir car nous devons avoir atteint dans trente
minutes la porte de sortie qui est encore loin. Dommage ! Cette
parade amoureuse et élégante nous laisse sous
le charme, elle ne ressemble en rien à l'accouplement
bref et rugissant des
lions auquel nous avions assisté au Kenya.

Sur le retour, nous croisons encore des phacochères,
des gnous, des antilopes, une mangouste, des zèbres,
des éléphants et éléphanteaux, dont
un vraiment très petit tandis que les deux hyènes
de tout à l'heure sont encore là. Au bord de la
rivière qui longe le lodge, des hippopotames se promènent
dans l'ombre de la nuit qui tombe... Autant d'animaux en trois
heures de temps, c'est assez fabuleux !
Kilométrage dans le parc : 91 km
Dimanche
22
Il est 6 h 30 quand nous nous levons avec le plaisir d'un grand
ciel bleu qui va colorer nos photos. Petit déjeuner face
à la rivière aux hippopotames... une heure plus
tard, nous sommes à l'entrée du parc Kruger, que
nous allons traverser jusqu'à la porte Paul Kruger où
nous dormirons ce soir. Nous avons donc onze heures devant nous
pour musarder dans la réserve.
Les antilopes sont partout dans le parc, elles se laissent
photographier à condition qu'on ne fasse pas de grands
gestes, en voici quelques unes qui traversent devant la
voiture. Trois longs cous de girafes émergent de la végétation
touffue mais pas très haute tandis que se déroule
un nouveau ballet amoureux de girafes en goguette de l'autre
côté de la route. La luminosité étant
meilleure qu'hier soir, nous reprenons quelques photos, mais
après un quart d'heure, les deux girafes s'éloignent
l'une de l'autre... Manque d'intimité ???
Nous sommes dans le parc depuis une heure quand nous voyons
plusieurs véhicules arrêtés, assez nombreux
pour indiquer quelque chose d'intéressant. En effet,
à 30 ou 40 mètres de nous, une lionne se repose
sous les branches basses d'un arbre. Avec mon gros zoom, j'arrive
à en faire quelques images, mais ce n'est pas facile
de faire le point entre les herbes et le feuillage !

Une multitude d'oiseaux volettent dans les
arbres en piaillant. Certains ressemblent à de gros papillons
avec le dessus des ailes tout bleu et le dessous blanc. Au loin,
dans une clairière, des familles d'éléphants
accompagnés de bébés se dressent immobiles
sous la frondaison des arbres. Nous rebroussons chemin, la lionne
dort toujours, seule sa queue se distingue dans les fourrés,
les girafes sont encore là. Sur la route de terre, où
nous nous sommes engagés, de larges flaques d'eau rouges
stagnent encore malgré la chaleur. Au moins, toutes les
voies sont réouvertes, alors qu'hier soir, certaines
ne l'étaient pas, sans doute parce qu'impraticables à
cause des pluies des jours précédents. Dans une
trouée au milieu de la broussaille, un rhinocéros
surveille les alentours, il est à l'abri de la chaleur
qui maintenant écrase le paysage et fait que nous voyons
moins d'animaux que ce matin. Nous franchissons plusieurs ruisseaux
espérant à chaque fois y voir s'abreuver quelque
bête, mais seuls les oiseaux hantent ces points d'eau
pour l'instant.
Après une pause près d'un arbuste où s'ébattent
un joyeux groupe de singes, l'aventure se corse, car il nous
faut franchir une rivière assez large et notre voiture
n'est pas un 4X4. Nous laissons traverser un Toyota pour voir
la profondeur et nous le suivons avec de l'eau à mi-roue.
Ouf, ça passe ! Nous circulons dans une zone peuplée
de nombreuses antilopes, et deux bébés qui tètent
leur mère et cabriolent autour d'elle, nous arrêtent
quelques minutes.

Au bord d'un des multiples rus qui coupent
les pistes, un drôle d'insecte muni d'une longue trompe
se désaltère, impassible au passage des voitures.
C'est une nèpe cendrée. Nous longeons maintenant
la Byamiti River qui héberge dans ses eaux et sur ses
îlots, un troupeau d'hippopotames. Quelques oiseaux à
long bec, pêchent des petits poissons argentés
qu'ils avalent tout vifs.

Pendant les heures chaudes du midi, nous ne
voyons plus grand chose hormis quelques singes, antilopes et
calaos au bec imposant. Il existe plusieurs sortes de calaos,
nous en avons vu un dans les arbres et un autre, celui qu'on
appelle calao terrestre, qui se promenait sur le sol.
Nous nous dirigeons donc vers un point pique-nique pour déjeuner.
Soudain plusieurs gros éléphants accompagnés
de trois ou quatre éléphanteaux traversent devant
nous. Les bébés courent, se protégeant
derrière les adultes qui avancent à grands pas.
Un peu plus loin, de grandes antilopes sans cornes se reposent
sous les branchages. Nous retraversons la rivière, heureusement
un peu moins profonde que ce matin à cet endroit. Encore
quelques troupeaux d'éléphants et nous nous posons
un peu au point pique-nique le temps de nous restaurer. Il fait
vraiment très chaud !
Nous avons repris la route vers le nord, toutes vitres ouvertes,
apercevant de-ci de-là des girafes, des éléphants,
une tortue dans sa pointe de vitesse pour traverser la route,
une mangouste, d'autres sortes d'antilopes, d'énormes
phacochères, puis des plus petits, des élans,
des singes...
En fin d'après-midi, nous avons la chance d'apercevoir
deux buffles, imposants, majestueux. Ils avancent lentement,
l'un derrière l'autre, à demi-dissimulés
par les feuillages, et pour les photographier ce n'est pas une
mince affaire, car les branches gênent la mise au point.
Je me glisse donc par la vitre ouverte et assise sur la portière,
je peux les saisir en posant l'appareil sur le toit de la voiture.
C'est notre quatrième "big five", les autres
étant le lion, l'éléphant, le rhinocéros...
Il nous manque le léopard ! Pas mal quand même
en seulement deux jours dans la réserve !
Le soleil amorce sa descente colorant de feu le feuillage. Des
dizaines et des dizaines de singes marchent sur la route, beaucoup
portent des bébés accrochés dessus, dessous;
certains, assis en famille sur les côtés, se cherchent
des puces ou câlinent les bébés... Une belle
scène animée pour nos derniers kilomètres
dans le Kruger. Et en voilà encore des quantités,
assis sur le goudron à se gratter les puces ou à
nous regarder passer. Le soleil a disparu, un phacochère
broute à deux pas de la portière, une hyène
tranquille rentre chez elle et nous, nous mettons le cap sur
l'hôtel Protea Kruger à la porte ouest du parc.
Kilométrage du jour : 211 km
[Voir les
photos du Kruger]
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